"Ils devraient me le donner": Donald Trump se rêve en prix Nobel de la paix après le cessez-le-feu entre Israël et l'Iran

Donald Trump entouré du secrétaire d'État américain Marco Rubio, à une conférence de presse lors du sommet de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) à La Haye, le 25 juin 2025. - JOHN THYS / AFP
Entre auto-congratulations et félicitations parfois dithyrambiques de ses alliés après la négociation d'un cessez-le-feu entre Iran et Israël, Donald Trump se sent plus que jamais légitime d'arborer son titre autoproclamé de "faiseur de paix".
"Je ne connais aucun autre président dans l'histoire moderne qui a autant cherché à faire la paix dans le monde", a assuré à ses côtés son secrétaire d'État, Marco Rubio, lors d'une conférence de presse à l'issue du sommet de l'Otan à La Haye ce mercredi 25 juin.
Mais le 47e président des États-Unis aimerait bien que ce statut devienne réalité en recevant la plus prestigieuse des décorations: le prix Nobel de la paix.
"Il tient vraiment beaucoup à cette distinction", assure Nicole Bacharan, historienne spécialiste des États-Unis, à La Dépêche.
"Rôle extraordinaire et historique"
En ce sens, le représentant républicain de Géorgie, Buddy Carter, a écrit une lettre ce mardi au comité du prix Nobel, comme le veut la procédure, pour proposer le nom du président américain, rapporte Fox News. Selon l'élu, le dirigeant américain a joué un "rôle extraordinaire et historique" en mettant fin au "conflit armé entre Israël et l'Iran et en empêchant le plus grand État soutenant le terrorisme au monde d'obtenir l'arme la plus meurtrière de la planète".
"Son leadership en ce moment illustre les idéaux mêmes que le prix Nobel de la paix cherche à reconnaître: la poursuite de la paix, la prévention de la guerre et la promotion de l'harmonie internationale", a justifié Buddy Carter.
Et il n'est pas le seul à souhaiter une décoration pour Donald Trump. Sur Truth Social, le patron de l’organisation Turning Point USA qui soutient le président, Charlie Kirk a déclaré que "le président Trump devrait recevoir le prix Nobel de la paix". Tout comme le podcasteur conservateur Benny Johnson, l’éditorialiste du média The Free Press, Batya Ungar-Sargon, ou précédemment le secrétaire au Trésor, Scott Bessent et l’ex-conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz, rappellent nos confrères du Monde.
En 2018, lors de son premier mandat, des élus républicains avaient également adressé une lettre au comité Nobel. Le président sud-coréen Moon Jae-in avait aussi suggéré que le président américain reçoive ce prix de la paix pour son rôle dans le rétablissement du dialogue avec la Corée du Nord.
"Quoi que je fasse, je n’aurai pas de prix Nobel de la paix"
Outre "la formidable victoire" grâce "à une paix par la force" au Proche-Orient, Donald Trump a profité d'être face à la presse en marge du sommet de l'Otan ce mercredi pour rappeler qu'il a "mis fin au conflit entre l'Inde et le Pakistan".
"L'Inde et le Pakistan, c'était une situation bien différente d'Israël et de l'Iran. On parle de deux pays avec l'arme nucléaire et j'ai mis à ce conflit", a-t-il rappelé. Des propos qui font écho à l'initiative samedi 21 juin d'Islamabad.
Le Pakistan a annoncé avoir proposé Donald Trump au prix Nobel de la paix, un mois et demi après que le président américain a annoncé, à la surprise générale, un cessez-le-feu entre les deux belligérants, à l'issue "d'une longue nuit de négociations organisées par les États-Unis". Le Premier ministre indien Narendra Modi a de son côté assuré qu'il n'y avait eu aucune médiation américaine pour parvenir au cessez-le-feu.
Ce même samedi, Donald Trump a affirmé être derrière une demi-douzaine d'accords de paix ou encore d'avoir permis le maintien de bonnes relations de voisinage ces dernières années. Avant de se plaindre de ne pas avoir obtenu de prix Nobel pour cela.
"Quoi que je fasse, je n’aurai pas de prix Nobel de la paix", a-t-il écrit sur sa plateforme Truth Social. "Notamment sur Russie-Ukraine, et Israël-Iran, quelle qu’en soit l’issue, mais les gens savent, et c’est tout ce qui compte pour moi!"
Au micro de Fox news, il a abondé: "Ils devraient me le donner pour mon action au Rwanda, au Congo (un traité de paix doit être signé cette semaine entre les deux pays sous l’égide des États-Unis, NDLR), en Serbie, au Kosovo, vous pouvez en citer plein. Mais la plus importante est celle concernant l’Inde et le Pakistan. J’aurais dû l’avoir quatre ou cinq fois".
"Mais ils ne me le donneront pas, parce qu’ils ne le donnent qu’aux gens de gauche", s'est-il offusqué.
Donald Trump n'a toujours pas digéré l'attribution du prix Nobel de la paix à Barack Obama en 2009 pour ses "efforts extraordinaires en faveur du renforcement de la diplomatie et de la coopération internationales entre les peuples", et notamment son engagement pour la non-prolifération nucléaire.
Des critiques en Ukraine
Si plusieurs personnes ont fait l'éloge de Donald Trump ces derniers jours, d'autres ont fait part de leur déception. Comme le député ukrainien Oleksandr Merezhko, qui avait pourtant envoyé de sa propre main en novembre dernier une lettre au Comité norvégien pour proposer le nom du futur président américain. Il avait alors été motivé par ses promesses de campagne de mettre fin à la guerre entre la Russie et l'Ukraine "en 24 heures". Une déclaration que le président a par la suite qualifiée de "sarcastique" face au piétinement des négociations.
Le chef de la commission parlementaire des affaires étrangères de l'Ukraine a envoyé une seconde lettre au Comité norvégien lundi pour "retirer" la candidature du milliardaire républicain. Il a confié à Newsweek ce mardi avoir "perdu toute sorte de foi et de croyance" en Donald Trump et en sa capacité à obtenir un cessez-le-feu entre Moscou et Kiev.
"Je suis convaincu que le prix de la paix ne peut être décerné qu'à ceux qui défendent fermement une paix fondée sur le droit international et la charte des Nations unies
Malheureusement, le président Trump, malgré ses promesses, n'a pas tenu ses engagements en ce qui concerne le soutien à l'Ukraine, victime de l'agression russe", s'est justifié Oleksandr Merezhko dans sa lettre.
"Le président Trump n'a pas utilisé ses capacités pour mettre fin à l'agression russe. Au lieu de rechercher une paix juste, globale et durable, le président Trump a choisi d'apaiser l'agresseur", a-t-il ajouté.
Le locataire de la Maison Blanche pousse pour un arrêt des hostilités, mais son implication personnelle dans le dossier ukrainien n'a, à ce stade, pas permis de rapprocher les positions toujours très éloignées des deux belligérants.
"C'est plus difficile que ce que l'on imagine. Poutine est plus difficile qu'avant, j'ai aussi des problèmes avec Zelensky comme vous le savez. C'est plus difficile que pour d'autres guerres", s'est justifié le président ce mercredi en marge du sommet de l'Otan.