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États-Unis

Des conséquences "catastrophiques"? Les détails du plan de guerre américain divulgué par erreur à un journaliste

Des messages échangés par de hauts responsables de l'administration Trump sur Signal

Des messages échangés par de hauts responsables de l'administration Trump sur Signal - The Atlantic

Le magazine The Atlantic a dévoilé le contenu de la conversation entre plusieurs hauts-responsables américains portant sur des frappes contre les Houthis au Yémen. Le rédacteur en chef du média y a été ajouté par erreur.

Un second article qui fait trembler un peu plus la Maison Blanche. Le rédacteur en chef de The Atlantic Jeffrey Goldberg a révélé en intégralité, ce mercredi 26 mars, le contenu d'échanges confidentiels entre plusieurs hauts responsables américains portant sur des frappes au Yémen. Il avait, il y a quelques jours, révélé avoir été ajouté par erreur cette conversation, ce que la Maison Blanche a confirmé.

Mais l'administration Trump avait accusé le média d'avoir monté une "superchercherie", soutenant que la conversation - hébergée sur la messagerie cryptée Signal - ne contenait aucune information classifiée.

Le magazine a donc choisi de publier l'essentiel des échanges, masquant seulement le nom d'un agent de la CIA. "Il y a un intérêt public évident à divulguer le type d'informations que les conseillers de Trump ont inclus dans des canaux de communication non sécurisés, en particulier parce que les hauts responsables de l'administration tentent de minimiser l'importance des messages qui ont été échangés", justifie le média.

Critiques contre les Européens

La conversation, intitulée "Houthi PC small group", concernait les opérations de l'armée américaine contre les rebelles houthis au Yémen, un mouvement chiite qui mène des attaques en mer Rouge, perturbant le trafic maritime.

Les premiers messages, dévoilés lundi, portaient sur les raisons et le calendrier des frappes américaines. Ils étaient ponctués de propos virulents envers les Européens, accusés de tirer profit des opérations sans y participer.

"Si tu penses qu'il faut le faire, allons-y. C'est juste que je déteste venir au secours des Européens encore une fois", écrit le vice-président J.D. Vance au secrétaire à la Défense Pete Hegseth. "Je suis complètement d'accord, je déteste le comportement de profiteurs des Européens. C'est PATHÉTIQUE", lui répond le ministre.

Les échanges montrent aussi des dissensions dans l'administration Trump, J.D. Vance disant douter que le président américain soit "conscient de l'incohérence (de ces frappes) avec son message actuel sur l'Europe".

Détails opérationnels

Le second article publié ce mercredi dévoile les messages publiés le 15 mars, jour de l'attaque de l'armée américaine. Ils portent sur les détails opérationnels de ces frappes ayant fait une cinquantaine de morts et une centaine de blessés selon les Houthis.

"La météo est FAVORABLE. Nous venons de confirmer avec le CENTCOM (Commandement central des États-Unis au Moyen-Orient, NDLR) que nous sommes prêts pour le lancement de la mission", écrit ainsi Pete Hegseth à 11h44.

"12H15: DÉCOLLAGE des F-18s (premier groupe de frappes)", poursuit-il. "La cible terroriste est sur sa zone connue donc ON DEVRAIT ÊTRE À L'HEURE - et aussi, départ des frappes de drones MQ-9", ajoute-t-il ensuite, dans un style télégraphique.

"15H36 F-18 début seconde frappe - aussi, lancement premiers Tomahawks (des missiles, NDLR) depuis mer", écrit-il encore.

"Que Dieu garde nos guerriers", envoie Pete Hegseth avant le début de l'opération. J.D. Vance écrit lui qu'il "dira une prière pour la victoire".

Un risque pour les soldats américains?

Plus tard, le conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz donne des détails sur les résultats des frappes: "la première cible - leur responsable des missiles - nous avons eu une identification positive de lui entrant dans l'immeuble de sa petite amie, qui s'est effondré", indique-t-il.

"Un bon début", se félicite le directeur de la CIA John Ratcliffe, ce à quoi Pete Hegseth répond par trois émojis: un coup poing, un drapeau américain et une flamme.

"Bon travail tout le monde. D'autres frappes se poursuivent pendant des heures ce soir, et je fournirai un rapport initial complet demain", conclut Pete Hegseth.

Selon The Atlantic, certains messages auraient pu perturber le bon déroulé de l'opération et mettre en danger les soldats américains s'ils étaient tombés dans de mauvaises mains.

"Si ce message avait été reçu par quelqu'un d'hostile aux intérêts américains - ou quelqu'un de simplement indiscret et ayant accès aux réseaux sociaux - les Houthis auraient eu le temps de se préparer à ce qui était censé être une attaque surprise sur leurs bastions. Les conséquences pour les pilotes américains auraient pu être catastrophiques", souligne le magazine.

François Blanchard