Charleston: les violences contre la communauté noire, l'échec d’Obama

Après deux mandats, le racisme contre la communauté noire serait un échec du président Obama. - Saul Loeb - AFP
Michael Brown, Freddie Gray ou encore Trayvon Martin sont devenus synonymes des violences contre les noirs américains. Mercredi, la communauté noire a de nouveau été visée à Charleston en Caroline du sud. Un homme blanc d’une vingtaine d’années a ouvert le feu dans une église historique de la ville, fréquentée par la communauté noire et tuant neuf personnes. "Je pense qu’il s’agit d’un crime raciste", a déclaré le chef de la police Gregory Mullen après la fusillade.
En 2008, alors qu’il était en campagne, Barack Obama avait prononcé un discours axé sur les tensions raciales. "La race est une question que notre pays ne peut se permettre d’ignorer". Sept ans, après les violences interraciales et celles qui visent les noirs sont encore largement présentes.
Traiter le racisme par "l'économique et le social"
"On a peut-être un peu trop rapidement cru que le racisme était en voie d’extinction aux Etats-Unis", constate sur BFMTV François Durpaire, historien spécialiste des Etats-Unis, alors même que le pays a à sa tête un président noir. Selon lui, ces violences restent "l’échec" du président Barack Obama, qui a voulu traiter ce problème par "une stratégie qui passe par l’économique et le social".
Dans son discours de 2008, Barack Obama avait donné la ligne de sa politique concernant les problématiques raciales en assurant que "ce ne sont pas des problèmes qui touchent les hispaniques ou les noirs, ce sont des problèmes qui touchent tous les Américains", explique François Durpaire. Dès lors, Barack Obama, n’a alors pas mené de politiques spécifiques aux communautés mais a mis en place des programmes, notamment Obamacare, qui devaient, en s’attaquant aux difficultés sociales, réduire les problèmes communautaires.
"Au niveau de la communauté noire, il n’a pas fait assez", reconnaît la géopolitologue Ellen Wasilyna sur BFMTV. Cette américaine membre du parti Républicain explique que le président "a fait des choses mais peut-être pas suffisamment au niveau de la cohésion des communautés".
Un enjeu pour la campagne?
Jusqu’à présent, Barack Obama est resté silencieux. Mais après ce nouvel acte de violence contre la communauté noire, François Durpaire estime que "le président Obama sait qu’il ne pourra pas se contenter d’un tweet de la Maison Blanche (...). Il est probablement en train de préparer un discours et de préparer une action."
Dès lors, ce thème des violences raciales pourrait-il s’inviter comme un thème majeur de la campagne de la présidentielle américaine, en 2016? Peu après l’attaque de l’église de Charleston, les deux candidats à l’élection Hillary Clinton et Jeb Bush ont rapidement réagi, exprimant leur soutien aux familles des victimes. Depuis plusieurs semaine, la candidate à l'investiture démocrate, Hillary Clinton, dit "qu’il faut agir en la matière et que l’Etat fédéral a été trop prudent (...) en creux c’est une critique pour Obama", analyse ainsi François Durpaire.
Mais la communauté noire visée par ces violences vote déjà à 90% démocrate. Finalement, c’est sans doute la communauté hispanique qui pourrait être l’enjeu de la campagne e, 2016, mais elle "ne s’exprime pas sur ces questions", souligne François Durpaire. Une configuration qui pourrait bénéficier à Jeb Bush, le candidat à la primaire républicaine. Avec la communauté hispanique, "il a fait du bon boulot en Floride", assure Ellen Wasilyna. Et son épouse est d’origine mexicaine.