Canada: le parti au pouvoir élit Mark Carney comme nouveau chef et Premier ministre pour remplacer Justin Trudeau

Mark Carney le 26 février 2025 à Montréal. - ANDREJ IVANOV / AFP
Le parti au pouvoir au Canada a élu ce dimanche 9 mars Mark Carney comme nouveau chef et futur Premier ministre du pays en remplacement de Justin Trudeau, au moment où le pays fait face à des tensions historiquement élevées avec son puissant voisin, les États-Unis de Donald Trump."Les Américains veulent notre pays", a mis en garde Mark Carney ce dimanche.
Cet ancien banquier central de 59 ans, novice en politique, a obtenu 85,9% du vote des militants, a annoncé Sachit Mehra, le président du parti libéral.
Après près de 10 ans au pouvoir, Justin Trudeau avait annoncé sa démission en janvier en plein chaos politique. Il va probablement falloir attendre quelques jours pour qu'une passation de pouvoir ait lieu entre les deux hommes, une fois le gouvernement formé.
"Nous ne pouvons pas laisser Trump gagner"
L'ancien directeur de la Banque du Canada et de la Banque d'Angleterre a largement devancé ses adversaires en termes de soutien au sein du pays et de fonds levés. Ces dernières semaines, une seule question a dominé les débats: qui est la bonne personne pour affronter Donald Trump et ses attaques?
"Nous ne pouvons pas laisser Trump gagner", a lancé déclare Mark Carney dans la foulée de son élection.
Le président américain a lancé une guerre commerciale en imposant des droits de douane sur des produits canadiens et ne cesse de dire qu'il souhaite que le Canada devienne le "51e État américain". Des attaques qui exaspèrent les Canadiens dont beaucoup renoncent à leur voyage au sud de la frontière et boycottent les produits américains.
Des élections à venir
En outre, Mark Carney devra rapidement également rassembler son parti en vue des prochaines élections.
Celles-ci doivent se tenir au plus tard en octobre mais pourraient être déclenchées plus rapidement que cela et elles promettent d'être plus disputées qu'attendues.
Très impopulaires et jugés responsables notamment de la forte inflation et de la crise du logement, les libéraux, qui affichaient plus de 20 points de retard en janvier dans les intentions de vote, sont aujourd'hui au coude-à-coude avec les conservateurs.
Dimanche, Mark Carney a obtenu 85,9% du vote des militants du parti libéral, loin devant l'ancienne ministre des Finances Chrystia Freeland qui a recueilli 8% des voix. Tout au long de sa campagne, il n'a cessé de marteler qu'il était la personne idoine pour affronter le président américain jugeant que "toute sa carrière l'avait préparé à cela".
Tout en affrontant les assauts américains, Mark Carney, originaire de l'ouest canadien, devra rapidement rassembler son parti en vue des prochaines élections.
"Il est considéré comme le seul candidat qui donne aux libéraux une chance de remporter les prochaines élections", estime Cameron D. Anderson de l'Université Western Ontario.
Jusqu'ici les électeurs canadiens semblaient rejeter des libéraux usés et impopulaires et jugés responsables de la forte inflation, de la crise du logement et des services publics. Mais l'arrivée de Donald Trump a rebattu les cartes politiques.
Ancien économiste et banquier
Mark Carney, qui se définit comme un centriste, était jusqu'à tout récemment envoyé spécial des Nations Unies pour le financement de l'action climatique.
Économiste sorti à la fois de Harvard aux Etats-Unis et d'Oxford au Royaume-Uni, il a fait fortune en tant que banquier d'affaires chez Goldman Sachs avant de diriger la Banque du Canada puis la Banque d'Angleterre.
Selon un sondage de l'institut Angus Reid publié mercredi, Mark Carney est le choix préféré des Canadiens pour affronter Donald Trump, avec 43% des personnes interrogées qui le plébiscitent contre 34% pour le chef de file des conservateurs, Pierre Poilievre.
Ce dernier, qui avait le vent en poupe ces derniers mois, semble perdre du terrain dans ce nouveau contexte politique même si le parti conservateur reste légèrement en tête des intentions de vote.