Près de 200 migrants expulsés des États-Unis sont arrivés au Venezuela

Des migrants vénézuéliens expulsés des États-Unis, Caracas, le lundi 10 février - Pedro MATTEY / AFP
Un nouveau lien entre Caracas et Washington. Quelque 190 migrants expulsés des Etats-Unis ont atterri lundi 10 janvier au Venezuela à bord de deux avions affrétés par Caracas, un rapatriement qualifié par le président Nicolas Maduro de "premier pas" vers le rétablissement de relations avec Washington.
Les ressortissants vénézuéliens ont atterri à l'aéroport de Maiquetia, au nord de Caracas, à bord de deux avions de la compagnie aérienne Conviasa.
Certains sont sortis les deux bras levés, en signe de célébration, a observé un journaliste de l'AFP. Plusieurs portaient des menottes, qui leur ont été retirées avant de descendre sur le tarmac, où des centaines de policiers et militaires les attendaient.
"Nous avons fait un pas favorable, positif", s'est félicité à la télévision Nicolas Maduro, qui a réitéré son souhait de "bâtir" des relations de "respect, de communication et de compréhension" avec les Etats-Unis.
190 individus expulsés
Le ministre de l'Intérieur Diosdado Cabello a indiqué que chaque appareil transportait 95 Vénézuéliens, âgés de 20 à 30 ans. Les journalistes ont pu assister depuis l'aéroport à leur retour, mais n'ont pas été autorisés à les interroger.
Caracas a déclaré que parmi les passagers se trouvent des membres supposés du tentaculaire gang vénézuélien Tren de Aragua, que Donald Trump a déclaré organisation terroriste.
Le gouvernement vénézuélien, qui assure l'avoir démantelé même si les chefs du gang ont pu fuir et que le groupe reste actif, promet que les personnes accusées d'y appartenir "feront l'objet d'une enquête rigoureuse".
Il estime néanmoins "qu'il existe un discours faux et malveillant autour de la question du Tren de Aragua (...) pour pénaliser tous les migrants vénézuéliens et stigmatiser notre pays (...). La majorité des migrants sont des personnes honnêtes et travailleuses".
Caracas a organisé à plusieurs reprises des vols de rapatriements de migrants depuis les Etats-Unis ou d'autres pays d'Amérique latine dans le cadre de son plan "Retour à la patrie", souvent célébré avec force de propagande. Mais Caracas avait suspendu les vols depuis les Etats-Unis au début de l'année 2024.
"Invasion"
Washington ne reconnaît pas Nicolas Maduro, au pouvoir depuis 2013 et investi en janvier pour un troisième mandat, comme le président légitime pays sud-américain, sous sanctions américaines.
Investi en janvier pour un deuxième mandat de quatre ans, Donald Trump a promis de mener la plus grande campagne d'expulsions de l'histoire des Etats-Unis, promettant de renvoyer des millions de migrants sans papiers, dont une grande partie proviennent d'Amérique latine.
Pendant sa campagne, le président américain a constamment dénoncé une "invasion" de migrants, accusés d'"empoisonner le sang" des Etats-Unis et d'avoir provoqué une vague de criminalité - ce qu'aucune statistique officielle ne démontre.
Le 31 janvier, un émissaire spécial de Donald Trump, Richard Grenell, avait rencontré Nicolas Maduro dans la capitale vénézuélienne avec pour mission d'exiger que Caracas accepte le retour "inconditionnel" des Vénézuéliens expulsés des Etats-Unis - y compris les membres du Tren de Aragua -, et d'obtenir la libération des "otages" américains détenus au Venezuela.
Ce dernier était reparti avec six Américains libérés, et le président Trump avait ensuite assuré avoir obtenu satisfaction sur le premier point. Washington assure n'avoir fait aucune concession.
Donald Trump a retiré le statut de protection temporaire contre l'expulsion dont bénéficiaient environ 600.000 Vénézuéliens en raison de la crise économique et sécuritaire dans leur pays.
Plus de 7,8 millions de Vénézuéliens ont émigré au cours de la dernière décennie, selon l'ONU. Une partie se trouve aux Etats-Unis.