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Entre Trump et Maduro, une détente mais à quel prix?

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LE MONDE QUI BOUGE. Le Venezuela "a accepté", selon Donald Trump, d’accueillir ses ressortissants expulsés des États-Unis et libéré six otages américains. Mais à quel prix s’opère la détente entre les deux pays?

Le diplomatie Trump se vente d'avoir abtenu de nouveaux résultats. Caracas accepterait désormais le retour "inconditionnel" des Vénézuéliens expulsés des États-Unis. La veille, la libération de six Américains emprisonnés au Venezuela a été annoncée. Deux victoires en l’espace de quelques heures pour la nouvelle administration et qui font suite à la rencontre entre Nicolas Maduro et Richard Grenell, l’envoyé spécial de la Maison Blanche.

Depuis le premier mandat de Donald Trump, la reprise d’un dialogue avec Caracas semblait inconcevable. Les deux hommes s'insultaient régulièrement. Le républicain a encore traité récemment son homologue de "dictateur maltraitant son peuple". En 2019, il avait reconnu un opposant comme président par intérim du Venezuela, et imposé de lourdes sanctions étouffant l’économie du pays d’Amérique latine. Six ans plus tard, Nicolas Maduro veut remettre les compteurs à zéro:

"Nous allons entamer un nouveau départ dans nos relations historiques, où ce qui doit être corrigé le sera et où ce qui doit être fait le sera, toujours dans le respect de l'égalité" a-t-il déclaré.
Caroline Loyer : Trump/Maduro, une détente mais à quel prix ? - 03/02
Caroline Loyer : Trump/Maduro, une détente mais à quel prix ? - 03/02
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Une "reconnaissance" pour Maduro

Cette apparente "détente" des relations n’est pas vraiment une surprise. Ce qui est surprenant c’est plutôt la rapidité avec laquelle elle a lieu. Fin novembre, des signaux laissaient penser que future admiration serait prête à discuter avec Caracas.

A l’époque, Donald Trump faisait l’objet de pression de la part de dirigeants du secteur pétrolier américain. Des dirigeants très intéressés par les réserves vénézuéliennes, les plus grandes au monde, bien que le pays ne soit que le 22e producteur mondial d’or noir.

Pourtant, quelques heures après son investiture, Trump semait le trouble en déclarant, au sujet de ce pétrole: "nous n’avons pas à l’acheter". Pour certains, il s’agissait là d’une tactique de négociation, une manière de faire pression sur les autorités vénézuéliennes.

Alors Nicolas Maduro a-t-il finalement cédé par crainte que les États-Unis n’achètent plus du tout son pétrole ou au contraire, lui a-ton promis de lui en acheter davantage?

En tout cas, le président venezuelien se félicite d’un succès et dit son espoir de "conclure de nouveaux accords".

Le pouvoir a largement relayé les images de la visite de l’émissaire américain, on y voit les deux hommes se serrant chaleureusement la main.

Colère de l'oppostion

Et tout cela fait enrager l’opposition qui voit dans ce déplacement et ces ententes trouvées, une légitimation de Nicolas Maduro aux commandes du pays. Edmundo González, candidat de l’opposition a la dernière présidentielle, a exhorté Donald Trump à ne pas conclure d’accord avec Caracas. L'homme a été reconnu par l’administration Biden comme étant le président élu.

La Maison Blanche se défend de reconnaitre l'autorité de Maduro. Mais pour Phil Gunson, analyste à l'International Crisis Group "malgré la rhétorique, les États-Unis, dans la pratique, reconnaissent Maduro comme président "

L'opposition craint qu’avec la nouvelle administration les intérêts commerciaux et celui surtout ceux pour un pétrole à bas cout, prévalent sur la démocratie et le respect des droits de l’homme.

Elle dénonce la décision de Donald Trump d’annuler la prolongation du statut de protection dont bénéficiaient plus de 600.000 Vénézuéliens. Statut accordé aux étrangers dont la sécurité n'est pas assurée dans leur pays d'origine et qui avait été prolongé par Joe Biden quelques jours avant son départ.

Caroline Loyer