Venezuela et USA: vers un accord plus de pétrole contre moins de migrants?

L’accord serait simple: plus de pétrole contre moins de migrants. Le Venezuela, s’il possède les plus grandes réserves d’or noir au monde n'est que le 22e producteur mondial. Il serait donc dans son intérêt de pouvoir relancer ce secteur autrefois florissant. Et les États-Unis sont très intéressés par un pétrole à bas coût.
Dans le même temps, la future administration aimerait aussi voir diminuer drastiquement le nombre d’immigrés sur son sol –c’est la promesse de Donald Trump– et il se trouve que les Vénézuéliens sont en nombre la première nationalité d’Amérique latine à traverser la frontière américaine.
Il y aurait donc là, possiblement, matière à discuter pour un homme qui privilégie les approches transactionnelles.
Si un tel deal se faisait, ce serait un changement de cap majeur. Les rapports entre Nicolas Maduro et Donald Trump, lors de son premier mandat, étaient exécrables. Le Républicain était la bête noire du régime chaviste. En 2019, c’est lui qui avait imposé de lourdes sanctions, notamment pétrolières. Sanctions qui ont étouffé l’économie vénézuélienne sans toutefois parvenir à éjecter le dirigeant.
Un lobby discret
Mais alors, qui sont ceux qui font pression pour un accord ? Des investisseurs obligataires et des dirigeants du secteur pétrolier américain mèneraient une campagne discrète de lobbying selon le Wall Street journal. Ils se seraient rendus par dizaines au Venezuela depuis le début de l’année pour évaluer les perspectives commerciales en cas d’accord bilatéral.
Au premier rang desquels, Harry Sargeant III, milliardaire floridien. Cet important donateur républicain est connu pour jouer au golf à Mar-a-Lago avec Trump un jour et s'envoler pour Caracas le lendemain. Pour lui, il est clairement plus judicieux de négocier avec Maduro plutôt que de chercher à le déloger.
La semaine dernière, une cargaison d'asphalte vénézuélien, pour le compte de sa compagnie, a atterri en Floride. Il s'agissait de la première livraison du genre depuis l'imposition des sanctions. Elle fait partie des rares autorisées par le Trésor américain récemment.
Pour Harry Sargeant IV, fils du magnant du pétrole, c’est indiscutable "ce flux d'asphalte de haute qualité et à faible coût vers les États-Unis est un avantage pour le contribuable américain".
L’entourage de Donald Trump souligne, et ce n’est pas pour lui déplaire, qu’un accord permettrait également de contrer la Chine et la Russie –des adversaires qui ont gagné du terrain dans le pays d’Amérique latine depuis l’imposition des sanctions américaines.
"Un nouveau départ"
Et Nicolas Maduro semble ouvert. Restaurer la démocratie n’est pas non plus son objectif prioritaire. L’homme revendique la victoire depuis cet été sans en avoir apporté les preuves. L’administration américaine a choisi de reconnaitre, l’opposant Edmundo Gonzales, actuellement en exil en Espagne, comme président élu.
Les relations sont si mauvaises avec Joe Biden, que Nicolas Maduro s’est réjoui de la victoire de son ennemi d'hier :
"Ça ne s'est pas bien passé pour nous lors de son premier mandat mais c'est un nouveau départ". La rancœur semble bien au placard. Cet été, déjà, il adressait une main tendue :
"Vos investissements sont les bienvenus au Venezuela, afin que nous puissions développer ensemble une relation différente. Nous vous garantissons la stabilité, la sécurité juridique, la paix et un partenariat gagnant-gagnant."
La proposition sur est sur la table, sauf que depuis Donald Trump a nommé des personnalités partisanes d’une ligne dure contre le régime chaviste, comme Mark Rubio et Mike Waltz. Il y a aussi Elon Musk qui avait sur X, lors de la présidentielle vénézuélienne, défié Maduro - lui proposant de se battre: "S'il gagne, je l'emmène gratuitement sur Mars" avait-il dit.
Pas certain donc que l’approche transactionnelle prévale sur les égos des uns et des autres, à commencer par celui de Donald Trump.
Selon l'analyste vénézuélien Sergio Sanchez, pour ne pas perdre la face "le président élu pourrait opter pour une solution intermédiaire" c'est-à-dire négocier la sortie de Maduro pour le remplacer par un autre membre de son parti.