Dilma Rousseff une nouvelle fois menacée de destitution

Le vice-président brésilien Michel Temer le 12 mars 2016 à Brasilia - Evaristo SA - AFP
Le grand parti centriste du vice-président brésilien Michel Temer devrait claquer mardi la porte de la chancelante coalition gouvernementale de la présidente Dilma Rousseff, avec pour objectif affiché de précipiter sa chute pour s'emparer du pouvoir.
La direction nationale du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), incontournable allié du Parti des travailleurs (PT, gauche) au pouvoir, se réunit dans l'après-midi au Congrès des députés à Brasilia pour "une réunion de sortie, d'adieu au gouvernement.
Plus que jamais sur la selette
Nous calculons un vote à plus de 80% en faveur" d'un départ, selon le député Osmar Terra, membre de la direction nationale.
Homme d'appareil discret, Michel Temer, 75 ans, ne dissimule plus son ambition de succéder rapidement à Dilma Rousseff, 68 ans, de plus en plus isolée à l'approche d'un vote des députés sur sa destitution attendu mi-avril.
Cet avocat constitutionnaliste de formation, qui assumerait le pouvoir jusqu'aux élections de 2018 en cas de destitution de la présidente, a orchestré ces derniers jours en coulisses le passage de sa formation à l'opposition.

"Crime de responsabilité"
De son côté, la présidente est accusée d'avoir fait supporter temporairement à des banques publiques des dépenses incombant au gouvernement, afin, selon l'opposition, de dissimuler l'ampleur des déficits publics, en 2014, année de sa réélection, et en 2015.
Elle se serait ainsi rendue coupable d'un "crime de responsabilité" administrative, prévu par la Constitution.
La présidente répond que tous ses prédécesseurs ont eu recours à cette pratique et dénonce une procédure "sans base légale" solide, masquant une "tentative de coup d'Etat" institutionnel.
Face au climat de débandade générale, le camp présidentiel cherche à stopper l’hémorragie en tentant de convaincre les parlementaires, député par député, de rester, moyennant des promesses de postes.
Corruption
Mais l'embrasement de la crise politique brésilienne en mars a considérablement affaibli Dilma Rousseff, avec des manifestations monstres de la classe moyenne blanche pour son départ, et les soupçons de corruption contre son mentor et prédécesseur Luiz Inacio Lula da Lula (2003-2010), dont l'entrée au gouvernement - suspendue par la justice - a attisé l'incendie.
La cote de popularité de la présidente stagne à un seuil historiquement bas de 10% et 68% des Brésiliens souhaitent son départ, alors que le géant émergent d'Amérique latine traverse sa deuxième année de sévère récession économique, à quatre mois du début des jeux Olympiques de Rio de Janeiro.