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Brésil

Dilma Rousseff une nouvelle fois menacée de destitution

Le vice-président brésilien Michel Temer le 12 mars 2016 à Brasilia

Le vice-président brésilien Michel Temer le 12 mars 2016 à Brasilia - Evaristo SA - AFP

Le grand parti centriste de Michel Temer et principal allié de Dilma Rousseff, devrait claquer mardi la porte de la chancelante coalition gouvernementale de la présidente. Un départ organisé afin de précipiter la chute de la présidente brésilienne.

Le grand parti centriste du vice-président brésilien Michel Temer devrait claquer mardi la porte de la chancelante coalition gouvernementale de la présidente Dilma Rousseff, avec pour objectif affiché de précipiter sa chute pour s'emparer du pouvoir.

La direction nationale du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), incontournable allié du Parti des travailleurs (PT, gauche) au pouvoir, se réunit dans l'après-midi au Congrès des députés à Brasilia pour "une réunion de sortie, d'adieu au gouvernement.

Plus que jamais sur la selette

Nous calculons un vote à plus de 80% en faveur" d'un départ, selon le député Osmar Terra, membre de la direction nationale.

Homme d'appareil discret, Michel Temer, 75 ans, ne dissimule plus son ambition de succéder rapidement à Dilma Rousseff, 68 ans, de plus en plus isolée à l'approche d'un vote des députés sur sa destitution attendu mi-avril.

Cet avocat constitutionnaliste de formation, qui assumerait le pouvoir jusqu'aux élections de 2018 en cas de destitution de la présidente, a orchestré ces derniers jours en coulisses le passage de sa formation à l'opposition.

La présidente brésilienne Dilma Rousseff le 23 mars 2016 à Brasilia
La présidente brésilienne Dilma Rousseff le 23 mars 2016 à Brasilia © Andressa Anholete, AFP/Archives

"Crime de responsabilité"

De son côté, la présidente est accusée d'avoir fait supporter temporairement à des banques publiques des dépenses incombant au gouvernement, afin, selon l'opposition, de dissimuler l'ampleur des déficits publics, en 2014, année de sa réélection, et en 2015.

Elle se serait ainsi rendue coupable d'un "crime de responsabilité" administrative, prévu par la Constitution.

La présidente répond que tous ses prédécesseurs ont eu recours à cette pratique et dénonce une procédure "sans base légale" solide, masquant une "tentative de coup d'Etat" institutionnel.

Face au climat de débandade générale, le camp présidentiel cherche à stopper l’hémorragie en tentant de convaincre les parlementaires, député par député, de rester, moyennant des promesses de postes.

Corruption

Mais l'embrasement de la crise politique brésilienne en mars a considérablement affaibli Dilma Rousseff, avec des manifestations monstres de la classe moyenne blanche pour son départ, et les soupçons de corruption contre son mentor et prédécesseur Luiz Inacio Lula da Lula (2003-2010), dont l'entrée au gouvernement - suspendue par la justice - a attisé l'incendie.

La cote de popularité de la présidente stagne à un seuil historiquement bas de 10% et 68% des Brésiliens souhaitent son départ, alors que le géant émergent d'Amérique latine traverse sa deuxième année de sévère récession économique, à quatre mois du début des jeux Olympiques de Rio de Janeiro.

L'ex-président Lula s'efforce de combler les voies d'eau. L'homme du miracle socio-économique brésilien des années 2000 s'est rendu à Brasilia dans l'espoir de rencontrer Michel Temer, qui a préféré ces derniers jours échafauder des plans d'avenir avec le chef de l'opposition Aecio Neves.

A.-F. L. avec AFP