"Des victimes faciles": le Brésil ouvre une enquête sur des soupçons de vaste fraude visant les retraités

Des personnes assises sur un banc (images d'illustration) - Pexels
Le gouvernement brésilien a annoncé mercredi 23 avril enquêter sur une fraude présumée à l'échelle nationale dans laquelle des associations et syndicats sont soupçonnés d'avoir volé de l'argent à des retraités en prélevant une partie de leurs pensions.
Cinq fonctionnaires ont été suspendus et le chef de l'Institut national de la Sécurité sociale (INSS) a été démis de ses fonctions, dans le cadre de cette affaire qui survient alors que le gouvernement du président Luiz Inacio Lula da Silva fait face à une forte baisse de sa popularité.
La police a également annoncé mercredi l'arrestation de trois suspects et dit être à la recherche de trois fugitifs.
Environ 1,1 milliard de dollars prélevés entre 2019 et 2024
Le bureau du contrôleur général, chargé de combattre la corruption de l'État, a affirmé avoir détecté des prélèvements non autorisés sur les versements des pensions, effectués par des associations et syndicats pour des services auxquels de nombreux retraités déclarent n'avoir jamais souscrit.
L'enquête porte sur 6,3 milliards de réais (environ 1,1 milliard de dollars) prélevés entre 2019 et 2024, avec l'aide supposée de fonctionnaires de l'INSS, qui gère les pensions. Une partie indéterminée de ce montant pourrait avoir été prélevée illicitement.
De nombreux retraités interrogés par les enquêteurs ont déclaré que leur signature avait été falsifiée. Début 2024, les prélèvements faisant l'objet de l'enquête concernaient 5,4 millions de retraités, selon les autorités.
"L'enquête concerne une fraude visant des retraités, des personnes qui (...) sont naturellement vulnérables et ont été des victimes faciles pour ces délinquants", a déclaré aux journalistes à Brasilia le ministre de la Justice, Ricardo Lewandowski.
Mercredi, la police a procédé à plus de 200 perquisitions et saisi des actifs d'une valeur estimée à environ 175 millions de dollars.
Les autorités enquêtent sur des délits tels que la corruption, la falsification de documents, le crime organisé et le blanchiment d'argent.
Plusieurs affaires de fraudes ces dernières années
La fraude trouverait ses origines en 2016, soit durant les mandats des anciens présidents Michel Temer (2016-2018) et Jair Bolsonaro (2019-2022), ainsi que celui de Lula, qui a pris ses fonctions en janvier 2023.
C'est le deuxième scandale de corruption à frapper le gouvernement de gauche du président Lula ces dernières semaines.
Début avril, le ministre des Communications Juscelino Filho a démissionné après avoir été accusé d'avoir accepté des pots-de-vin lorsqu'il était député en 2022, avant le début du mandat actuel de Lula, des accusations qu'il rejette.
Le gouvernement Lula est également critiqué pour avoir récemment octroyé l'asile à l'ancienne première dame du Pérou Nadine Heredia, condamnée à 15 ans de prison pour blanchiment dans le cadre d'un scandale de corruption.
Les affaires de corruption sont un sujet sensible pour Lula. Bien que la justice ait finalement annulé ses condamnations qui lui ont valu 580 jours de prison en 2018 et 2019, une part significative de l'électorat brésilien dit voir en lui un homme politique corrompu.