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Algérie: qui a enlevé Hervé Gourdel?

Le Français Hervé Gourdel a été enlevé dimanche 21 septembre 2014 en Algérie par un groupe proche de l'Etat islamique.

Le Français Hervé Gourdel a été enlevé dimanche 21 septembre 2014 en Algérie par un groupe proche de l'Etat islamique. - BFMTV

EDITO - Alors que le temps presse pour retrouver Hervé Gourdel, otage français enlevé dimanche soir en Algérie, intéressons-nous de plus près au groupe qui a organisé son rapt.

Hervé Gourdel, 55 ans, guide de haute montagne, serait la victime d'un complot de la part d'officiers militaires de haut rang, écartés des affaires par les purges instituées par un décret présidentiel fin 2013. Telle est la thèse d'un spécialiste des groupes terroristes islamistes, Albert Farhat.

En préface, il explique qu'en Algérie les luttes intestines au sein de l'appareil sécuritaire sont une réalité. La décennie noire des années 90, où tous les coups étaient permis pour juguler le terrorisme jihadiste, a connu son lot d'excès, de bavures et de faux semblants de la part des services secrets. La victoire sur les insurgés étaient sans doute à ce prix.

Une purge des services secrets algériens

Le président Abdelaziz Bouteflika, pour des raisons propres, a décidé depuis quelques années de purger les rangs des services secrets, suscitant de fortes amertumes. Pour ternir l'image du président, et du chef d'état-major, une clique désabusée d'anciens officiers seraient allés chercher la collaboration des jihadistes mercenaires qui vivotent en marge du système sécuritaire.

Est-ce plausible? Rappelons que les instances sécuritaires, algériennes comme pakistanaises comme turques pour n'en nommer que quelques-unes, maintiennent souvent une petite faction d'extrémistes comme instrument ponctuel dans la lutte anti-terroriste, l'une des plus compliquée qui soit. Albert Farhat propose cette explication de l'"inside job" -le coup venu de l'intérieur-, après avoir recueilli de nombreuses informations de sources proches du dossier. 

Officiers tordus

Revenons aux officiers tordus. Professionnels des coups bas, ils auraient contourné leur propre hiérarchie, pour "balancer" cet innocent randonneur à des extrémistes tolérés, tout récemment baptisés Jund al Khilafah -armée du califat, celui de l' État islamique, c'est-à-dire Daesh. 
Pour appuyer cette thèse: les randonneurs algériens ont été libérés, ce qui ne ressemble pas au mode opératoire sanglant et vénal des jihadistes.

En fait, les officiers désabusés se seraient arrangés avec ce groupe Jund al Khilafah: le Français est gardé comme otage, afin de monnayer le retour en grâce de la clique limogée. Les Algériens sont épargnés. Impossible à prouver à ce stade, cette thèse tendrait à expliquer une chose au moins: le pouvoir algérien de Bouteflika n'est pas lié à cet enlèvement, et œuvre pour éviter le drame. 

Harold Hyman, spécialiste géopolitique