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Tunisie

Tunisie: des jihadistes venus de Libye?

Un membre des forces spéciales tunisiennes pendant l'affrontement avec des jihadistes dans les rues de Ben Guerdane, le 7 mars 2016.

Un membre des forces spéciales tunisiennes pendant l'affrontement avec des jihadistes dans les rues de Ben Guerdane, le 7 mars 2016. - Fathi Nasri - AFP

Les attaques simultanées perpétrées lundi dans la petite ville tunisienne de Ben Guerdane, qui ont fait 57 morts, pourraient être l'oeuvre de jihadistes venus de Libye, dont la frontière est proche.

Des attaques sans précédent en Tunisie. Lundi, le pays, toujours meurtri par les attentats perpétrés en 2015 à Tunis et Sousse, a une nouvelle fois été le théâtre d'attaques jihadistes, cette fois-ci dans la région de Ben Guerdane, proche de la Libye. 

Champs de bataille en pleine rue

Lundi, à l'aube, des jihadistes ont mené des attaques coordonnées contre une caserne de l'armée, un poste de police et un poste de la garde nationale tunisiennes à Ben Guerdane, une ville de 60.000 habitants située près de la frontière, et à une centaine de kilomètres de l'île très touristique de Djerba. Le bilan, toujours provisoire, fait état de 56 morts. 36 jihadistes et 12 membres des forces de l'ordre ont péri, ainsi que 7 civils. 

En l'espace de quelques instants, lundi matin, le centre-ville de Ben Guerdane s'est transformé en champ de bataille. Pendant de longues heures, l'armée tunisienne y a affronté des dizaines de jihadistes lourdement armés, avant de parvenir à reprendre le contrôle.

En réaction à ces attaques, qualifiées de "sans précédent" par le président Béji Caïd Essebsi, un couvre-feu nocturne a été décrété à Ben Guerdane, et des opérations sécuritaires ont été mises en place. Les autorités ont annoncé avoir saisi d'"importantes quantités" d'armes de guerre -notamment des lance-roquettes- et de munitions.

Des attaques signées Daesh?

Si l'attaque n'a pas encore été revendiquée, les autorités tunisiennes soupçonnent fortement l'organisation jihadiste Daesh de se cacher derrière cet assaut. Par ailleurs, la Tunisie a fermé ses deux postes-frontières avec la Libye voisine, où Daesh gagne du terrain, signe de l'inquiétude de Tunis sur la provenance de ces jihadistes.

En effet, cette attaque simultanée d'une ampleur inédite contre des intérêts sécuritaires intervient moins d'une semaine après une autre opération antiterroriste dans cette même région. Cinq extrémistes venus de Libye, retranchés dans une maison, avaient alors été tués par des unités de l'armée, de la garde nationale et de la police tunisiennes.

Par ailleurs, le ministère de l'Intérieur a indiqué avoir été informé durant les jours précédents l'attaque de la possible entrée sur le sol tunisien de "groupes terroristes", à la suite d'un raid américain du 19 février contre un camp d'entraînement de Daesh à Sabratah, dans l'ouest libyen, près de la frontière avec la Tunisie. Depuis ce raid, les jihadistes basés dans ce camp chercheraient à rejoindre la Tunisie, explique Libération.

Si la provenance libyenne des assaillants de lundi venait à être confirmée, elle soulignerait l'inutilité de la barrière de sable de 200 kilomètres, érigée par la Tunisie à la frontière libyenne au lendemain de l'attaque de Sousse pour empêcher le passage des jihadistes. 

Adrienne Sigel, avec AFP