Auteur de caricatures du prophète, il est grâcié mais reste en prison

Le président tunisien Moncef Marzouki brandit une copie de la nouvelle Constitution, peu après son adoption, lors d'une cérémonie à Assemblée nationale constituante, à Tunis le 27 janvier. - -
Grâcié mercredi, il n'est pourtant pas sorti de prison. Deux ans après sa condamnation pour la diffusion de dessins jugés blasphématoires, Jabeur Mejri reste emprisonné en raison de poursuites surprises pour "détournement de fonds" selon ses partisans, qui dénoncent jeudi un "acharnement judiciaire".
La présidence tunisienne avait annoncé mercredi la grâce de Jabeur Mejri, condamné en mars 2012 à sept ans et demi de prison pour la diffusion sur internet notamment de caricatures du prophète.
Mais elle a aussi admis sa surprise en apprenant que le jeune homme de 29 ans devait rester en prison en raison d'une seconde affaire dont elle n'avait pas connaissance.
Un "acharnement judiciaire"
"J'ai contacté le juge d'instruction du tribunal de Mahdia qui m'a confirmé l'existence d'une affaire de détournement de fonds lorsque Jabeur travaillait à la SNCFT (chemins de fers tunisiens, ndlr). A la suite de son instruction, un mandat de dépôt a été émis le 9 janvier 2014", a indiqué jeudi à l'AFP l'avocat de Jabeur, Me Ahmed Mselmi.
L'affaire remonte à "bien avant l'emprisonnement de Jabeur" en mars 2012, a expliqué l'avocat. Jabeur Mejri, aujourd'hui âgé de 29 ans, était au chômage lorsque l'affaire des caricatures a éclaté début 2012, mais précédemment ce diplômé d'anglais travaillait à temps partiel au guichet de la gare de Mahdia, ville située à 150 km au sud de Tunis.
"Il y a un acharnement judiciaire contre ce monsieur", a dénoncé son comité de soutien. Ni Me Mselmi ni la famille de Jabeur Mejri, pas plus que son comité de soutien ou la présidence tunisienne n'avaient été informés de l'existence de cette affaire.
Le président Marzouki, un militant des droits de l'homme exilé à l'époque du régime de Zine El Abidine Ben Ali, avait à plusieurs reprises affirmé vouloir libérer Jabeur mais ne pas pouvoir le faire tant que la Tunisie était confrontée à l'essor de groupes jihadistes.