Tombouctou bientôt libérée : une victoire militaire et symbolique

Les armées française et malienne sont aux portes de Tombouctou. - -
Tombée aux mains des islamises en avril 2012, Tombouctou, "la perle du désert", est quasiment libérée. Les armées française et malienne se sont en tout cas emparées de l'aéroport jusqu'ici contrôlé par les islamistes, et préparent leur offensive sur la ville.
Victime de nombreuses destructions (notamment de mausolées), Tombouctou peu enfin mettre derrière elle cette parenthèse destructrice. Même si le symbole est fort, la victoire est aussi militaire, comme l'explique Antonin Tisseron, chercheur associé de l'Institut Thomas Moore, spécialiste des enjeux de sécurité et de la lutte contre le terrorisme dans la zone Maghreb/Sahel, interrogé par BFMTV.com.
"Pacifier le Mali"
"C’est vrai qu’il y a une dimension symbolique dans la prise de Tombouctou. C’est une ville dans laquelle des mausolées ont été détruits par des groupes islamistes. Des destructions symboles de la barbarie des groupes radicaux. Reprendre Tombouctou, c’est mettre fin à cette parenthèse dans l’histoire de la ville", explique Antonin Tisseron. Des destructions dont la ville porte encore les stigmates puisque l'on a appris lundi qu'un bâtiment abritant de nombreux manuscrits précieux avait été incendié par les islamistes.
Une victoire également symbolique, puisque les Touaregs du nord du Mali considèrent Tombouctou comme leur capitale...
"Mais cette victoire est avant tout miliaire. La reprise de Tombouctou est à ce titre aussi importante que la reprise de Kidal ou Gao, et fait partie d’une entreprise plus large (et à plus long terme) de pacification à l’échelle du Mali. La reprise de Tombouctou permet également de maintenir 'une ligne de front' ou en tout cas d’éviter d’avoir un étirement des lignes franco-maliennes entre Gao et Kidal, ce qui permet de sécuriser cette région-là", ajoute le chercheur.
"Il y a aussi une volonté de progresser vite de la part du gouvernement français", précise Antonin Tisseron, d'autant que les armées malienne et française ne rencontrent pas, ou peu, de résistance.
La fuite des groupes armés : une aubaine
Une absence de résistance explicable par le fait que "les groupes armés sont, pour certains, dans une stratégie d’évitement, pour pouvoir se réorganiser et frapper où ils le souhaiteront plus tard. D'autres sont victimes de dissensions au sein de leur hiérarchie. D'autres encore préfèrent tout simplement déposer les armes ou encore essayer de se réintroduire dans un processus politique", explique Antonin Tisseron.
Une situation dont profite Paris, qui redoute "un risque de démobilisation de l’opinion française ou l'émergence de discours critiques dans la communauté internationale", ajoute le chercheur. Le but est donc bien de progresser le plus vite possible en direction du nord.
Tombouctou, capitale de l'islam en Afrique
Tombouctou, qui a été un grand centre intellectuel de l'islam et une prospère cité caravanière à la lisière du Sahara, est tombée sous le contrôle de groupes armés islamistes qui l'ont défigurée depuis juin 2012, au nom d'une conception rigoriste de la charia (loi islamique).
Avant de partir de la ville, des islamistes ont d'ailleurs mis le feu à une bibliothèque de Tombouctou qui contient des manuscrits d'une valeur inestimable. Une destruction de plus, qui vient s'ajouter à la longue liste des "crimes culturels" et autres actes de violences perpétrés contre la population ces derniers mois.