BFMTV
Afrique

Kenya: qui est le cerveau de l'attaque de l'université de Garissa?

Les autorités kényanes offrent 200.000 euros de récompense à quiconque donnera des informations permettant d'arrêter Mohamed Mohamud, cerveau présumé de l'attaque de Garissa.

Les autorités kényanes offrent 200.000 euros de récompense à quiconque donnera des informations permettant d'arrêter Mohamed Mohamud, cerveau présumé de l'attaque de Garissa. - Kenya Interior Ministry - AFP

Il est le cerveau présumé du terrible massacre perpétré jeudi dernier par des islamistes shebab contre l'université de Garissa, au Kenya. Mohamed Mohamud est l'un des chefs du mouvement armé somalien, et a déjà plusieurs attaques à son actif. Portrait. 

Son visage est placardé sur un avis de recherche, surmonté de la mention "Most wanted" (en français, "le plus recherché"). Mohamed Mohamud, soupçonné par la police kényane d'être le cerveau du massacre dans l'université de Garissa qui a fait 148 morts jeudi, est un ex-enseignant kényan présenté comme "tranquille", et qui s'est radicalisé dans son pays.

200.000 euros de récompense

Egalement connu sous les pseudonymes de "Kuno", "Dulyadin" ("l'homme aux bras longs") et "Gamadhere" ("l'ambidextre"), Mohamed Mohamud, membre présumé du mouvement islamiste shebab, qui a revendiqué le massacre, est aussi recherché pour une série d'autres raids perpétrés en 2014 dans le Nord-Est kényan frontalier de la Somalie.

La police offre une récompense de 20 millions de shillings (200.000 euros) pour toute information susceptible de mener à son arrestation.

Ancien enseignant

Agé d'une cinquantaine d'années, Mohamed Mohamud serait né en Ethiopie, dans une famille issue du très puissant clan somali Ogaden, réparti aux confins de l'Ethiopie, de la Somalie et du Kenya. Il serait arrivé enfant à Garissa, dans l'Est kényan majoritairement peuplé d'habitants d'ethnie somali comme lui, et possède la nationalité kényane.

Selon des sources policières kényanes, il a enseigné au sein d'une école coranique de Garissa, qu'il a même dirigée, avant de se radicaliser. Il aurait ensuite choisi de traverser la poreuse frontière somalienne pour rejoindre l'Union des tribunaux islamiques (les ancêtres des shebab) au sein desquels il dirigeait une unité appelée "Jugta-Culus" ("Ceux qui frappent dur"). 

Figure du mouvement shebab

A la fin des Tribunaux islamiques, défaits début 2007 par les troupes éthiopiennes, Mohamed Mohamud, qui passe pour une personne éduquée, "tranquille et posée", rejoint d'abord la milice islamiste Ras Kamboni, active dans le sud somalien. Mais cette milice va se scinder en deux, un camp, dont il fait partie, rejoignant les shebab, et l'autre, mené par Ahmed Madobe, s'alliant à l'armée kényane, entrée en Somalie fin 2011 pour combattre les shebab.

Mohamed Mohamud devient vite une figure du mouvement shebab, et est proclamé chef des opérations dans le sud somalien. Il reçoit spécifiquement pour mission, en raison de sa connaissance du terrain, de combattre au Kenya.

Plusieurs attaques à son actif

La police kényane le tient pour responsable de deux attaques meurtrières menées l'an dernier dans la ville kényane de Mandera, frontalière de la Somalie, et située à 550 km au nord de Garissa. Ces attaques, qui, pour beaucoup, auraient dû servir d'avertissement aux autorités kényanes, avaient visé les passagers d'un bus et les ouvriers d'une carrière, faisant respectivement 28 et 36 morts, exécutés de sang-froid.

Vendredi, les shebab ont menacé le Kenya de nouvelles attaques, affirmant que celle de Garissa avait été menée en représailles à des "persécutions systématiques contre les musulmans du Kenya".

Les shebab ont notamment évoqué le massacre de Wagalla (une ville située à 300 km au nord de Garissa) en 1984, au cours duquel l'armée kényane, qui tentait d'étouffer un conflit local, a tué un nombre indéterminé de somali -officiellement moins de 100, mais certaines sources parlent de 5.000 morts.

A.S. avec AFP