"Les dernières nouvelles n'étaient pas excellentes": l'éditeur de Boualem Sansal inquiet pour sa santé

L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal à Paris, le 4 septembre 2015 - JOEL SAGET © 2019 AFP
Les nouvelles ne sont "pas excellentes" pour l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a déclaré mardi 18 février son éditeur Antoine Gallimard, lors d'une soirée de soutien organisée par l'Institut du monde arabe et les Éditions Gallimard.
"Les dernières nouvelles n'étaient pas excellentes. Trois mois c'est long pour lui", a-t-il déclaré. "Surtout quand on ne sait pas si ces trois mois vont se transformer en six mois, en un an..."
Soutien d'écrivains
Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal, qui sanctionne en Algérie "comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions".
Selon le quotidien Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris ses déclarations au média d'extrême droite Frontières, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l'Algérie.
Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.
Parmi les écrivains étrangers lui apportant leur soutien, l'Italien Roberto Saviano, spécialiste de la mafia qui vit sous protection policière, le Britannique Ian McEwan ou l'Islandais Jon Kalman Stefansson ont été cités mardi soir.
"Je suis Sansal. Nous sommes Sansal"
"Ce mot liberté, ma génération l'a appris, cultivé, forgé, à travers les combats pour l'indépendance de l'Algérie", a déclaré le président de l'Institut du monde arabe, Jack Lang, en ouverture de cette soirée. "C'est une rencontre d'écrivains, de soutien à un écrivain, pour son retour à la liberté", a-t-il ajouté.
L'Institut du monde arabe projetait mardi soir sur sa façade les mots "Je suis" suivi de "Sansal". "Je suis Sansal. Nous sommes Sansal. Vous êtes Sansal", a clamé Jack Lang.
"Cette soirée est pour Boualem, elle n'est pas contre l'Algérie. Nous aimons ce pays, nous aimons le peuple algérien. Et quand on aime on dit les choses, non?", a dit le journaliste François Busnel en ouverture.
Le Figaro a publié une tribune du comité de soutien à Boualem Sansal, appelant le président Emmanuel Macron à utiliser "des leviers" pour le "faire libérer". Ils ont évoqué "une remise en cause du régime favorable des visas consenti à l'Algérie par l'accord du 27 décembre 1968".
Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. Son éditeur Antoine Gallimard avait de son côté indiqué en décembre qu'il était en vérité né en 1944 et a 80 ans.