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Influenceur "Doualemn": l'Algérie dénonce une expulsion "arbitraire" par la France et pointe du doigt une "extrême droite haineuse"

Boualem N.

Boualem N. - BFMTV

Depuis début janvier, cinq influenceurs algériens et une franco-algérienne sont visés par des procédures en France pour des propos haineux, visant souvent des opposants au gouvernement algérien. L'un d'eux, surnommé "Doualemn", a été expulsé en Algérie, avant d'être renvoyé en France.

L'Algérie réagit. Le ministère algérien des Affaires étrangères a dénoncé ce samedi 11 janvier dans un communiqué l'expulsion "arbitraire et abusive" de l'influenceur "Doualemn" vers l'Algérie, mais renvoyé en France dans la foulée.

"Le ressortissant objet de l'expulsion vit en France depuis 36 ans. Il y dispose d'un permis de séjour depuis 15 ans. Il est père de deux enfants nés de son union avec une ressortissante française. Enfin, il est socialement intégré dans la mesure où il exerce un emploi stable depuis 15 ans", argumente Alger.

"Ce ressortissant n'a pas pu bénéficier d'un procès judiciaire en bonne et due forme qui constitue un rempart contre l'abus de pouvoir dans la mesure où, son ordre d'expulsion, s'il avait été mené à son terme, l'aurait privé de défendre ses droits lors du procès prévu le 24 février", soutient le communiqué, qui déplore de ne pas avoir été informé de "l'arrestation" et de "l'expulsion" de l'influenceur.

"Doualemn", Algérien de 59 ans aux 168.000 abonnés sur TikTok, a été interpellé le 5 janvier à Montpellier, et placé en centre de rétention administrative (CRA) à Nîmes. Il a été expulsé vers l'Algérie alors qu'il avait posté une vidéo dans laquelle il appelait à "donner une sévère correction à un homme semblant résider en Algérie", un "appel à la torture", selon le préfet de l'Hérault.

Mais il avait été renvoyé en France dans la foulée, l'Algérie l'ayant "interdit de territoire", selon le ministère de l'Intérieur. Il a été de nouveau placé en CRA, au Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne). Il doit être jugé le 24 février pour "provocation à commettre un crime".

Retailleau accuse l'Algérie de "chercher à humilier la France"

Après ce renvoi en France de l'influenceur, Paris avait répondu. La France n'aura pas "d'autre possibilité que de riposter" si "les Algériens continuent cette posture d'escalade", avait ainsi déclaré vendredi le ministre français des Affaires étrangères.

Le ministre Jean-Noël Barrot s'était dit sur LCI "stupéfait" que les autorités algériennes aient "refusé de reprendre un de leurs ressortissants", dont le dossier est désormais "judiciarisé" en France.

"L'Algérie cherche à humilier la France", avait également dénoncé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.

L'Algérie réfute toute volonté "d'escalade"

"Contrairement à ce que prétendent l'extrême droite française, ses porte-voix et ses relais, l'Algérie n'est, d'aucune façon, engagée dans une logique d'escalade, de surenchère ou d'humiliation", a répliqué de son côté le ministre algérien des Affaires étrangères.

"L'extrême droite revancharde et haineuse, ainsi que ses hérauts patentés au sein du gouvernement français mènent actuellement une campagne de désinformation, voire de mystification, contre l'Algérie", dénonce Alger.

Outre "Doualemn", quatre autres influenceurs algériens et une franco-algérienne sont visés par des procédures en France pour des propos haineux, visant souvent des opposants au gouvernement algérien, dans un contexte de tensions diplomatiques entre Paris et Alger.

Juliette Desmonceaux