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Algérie: l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal condamné à 5 ans de prison

L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal à Paris, le 29 octobre 2014

L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal à Paris, le 29 octobre 2014 - FRANCOIS GUILLOT © 2019 AFP

L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal était poursuivi pour plusieurs chefs d'accusation, notamment "atteinte à l'unité nationale, outrage à corps constitué, pratiques de nature à nuire à l'économie nationale et détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays".

Le parquet algérien avait requis dix ans de prison. L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal a finalement été condamné à 5 ans de prison par le tribunal correctionnel de Dar El Beida, à Alger, selon un correspondant de l'Agence France-Presse (AFP) présent dans la salle, ce jeudi 27 mars. Après le verdict de la justice, l'avocat français de Boualem Sansal appelle le président algérien à "l'humanité".

Emprisonné en Algérie depuis le 16 novembre dernier, l'écrivain était poursuivi pour plusieurs chefs d'accusation, notamment "atteinte à l'unité nationale, outrage à corps constitué, pratiques de nature à nuire à l'économie nationale et détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays".

L'accusation lui reproche des déclarations en octobre au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle son territoire aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Une condamnation critiquée par la France. "Nous déplorons la condamnation à une peine de prison ferme de notre compatriote Boualem Sansal", a déclaré Christophe Lemoine, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

"Nous réitérons notre appel à une issue rapide, humanitaire et digne à cette situation", a-t-il ajouté

Vague de soutien en France

En France, l'affaire a connu un large retentissement, Boualem Sansal étant soutenu par de nombreuses personnalités. Des centaines de personnes ont participé par exemple mardi 25 mars à Paris au rassemblement de soutien devant l'Assemblée nationale, dont les présidents de l'Assemblée et du Sénat Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher et le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.

Étaient également présents le président des députés LR Laurent Wauquiez et le maire de Nice Christian Estrosi, le président du parti Reconquête Éric Zemmour, l'eurodéputé Raphaël Glucksmann ou encore les députés du RN Jean-Philippe Tanguy et Marine Le Pen.

"Parodie de justice"

Cette dernière dénonce une "condamnation scandaleuse" de l'écrivain sur X ce jeudi. Selon la cheffe des députés du Rassemblement national, il s'agit "en réalité", d'une "condamnation à perpétuité", "compte tenu de son âge et de son état de santé".

"La parodie de justice continue", tance également le président de Renaissance Gabriel Attal, accusant Alger de vouloir "faire taire Boualem Sansal pour toujours". Autre réaction dans le camp présidentiel: celle de Renaud Muselier. "Maintenir en captivité un écrivain malade pour ce qu’il écrit témoigne d’une haine de la liberté et d’une absence totale d’humanité", dénonce le président de la région Paca.

À gauche la patronne des députés insoumis Mathilde Panot écrit: "Le délit d'opinion ne devrait pas exister. Nous réclamons à nouveau sa libération immédiate." Présente au rassemblement de mardi, la sénatrice socialiste Laurence Rossignol appelle "la diplomatie française" à "se déployer pour obtenir (la) libération" de l'écrivain.

Tous les soirs dans Le Titre à la Une, découvrez ce qui se cache derrière les gros titres. Céline Kallmann vous raconte une histoire, un récit de vie, avec aussi le témoignage intime de celles et ceux qui font l'actualité.
Qu'est-il arrivé à Boualem Sansal, l'écrivain franco-algérien au cœur d'un conflit entre les deux pays ?
17:30

Le sort de Boualem Sansal avait cristallisé les tensions d'une gravité inédite entre Alger et Paris, notamment sur le dossier du Sahara occidental. Le soir du réquisitoire, le président français Emmanuel Macron avait redit sa confiance dans "la clairvoyance" de son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune, "pour savoir que tout ça (les accusations contre Sansal) n'est pas sérieux" et demandant de nouveau une libération de l'écrivain de 80 ans, selon son éditeur Gallimard, atteint d'un cancer.

Lucie Valais avec AFP