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Achraf Ben Brahim, spécialiste du jihadisme, évoque le rôle de Rachid Kassim au sein de Daesh

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Selon les Etats-Unis, Rachid Kassim, Français devenu recruteur et inspirateur d'attaques terroristes pour Daesh, a fait l'objet d'une frappe en Irak par un drone de la coalition. Ce vendredi soir, Achraf Ben Brahim, auteur d'un livre sur le jihad intitulé L'emprise, a évoqué ses contacts avec lui.

Selon les Etats-Unis, Rachid Kassim, recruteur français de Daesh et, entre autres, personnage lié à l'assassinat d'un prêtre à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-maritime) cet été, a été frappé par un drone de la coalition cette semaine près de Mossoul, en Irak. Des vérifications sont actuellement en cours pour certifier l'élimination de celui qui était devenu une figure de l'organisation islamiste. 

Rachid Kassim travaillait auprès de jeunes

Achraf Ben Brahim était ce vendredi soir sur notre plateau pour revenir sur le parcours de ce terroriste natif de Roanne (Loire). Pour les besoins de son livre, L'emprise, enquête au coeur de la djihadosphère, Achraf Ben Brahim s'est entretenu avec plusieurs combattants de Daesh, dont Rachid Kassim. Les deux hommes ont communiqué ensemble tout au long du mois d'août dernier via la chaîne Telegram du propagandiste. 

Loin de l'image de jihadistes en rupture de ban avec la société, l'auteur a découvert au fil de ces conversations que Rachid Kassim avait quitté une vie rangée pour prendre part à la guerre au Moyen-orient: "Il était socialisé, il avait un emploi. C’est peut-être cet emploi d'animateur auprès de jeunes qui lui a permis de mieux intérioriser leurs attentes et de pouvoir communiquer de manière directe avec eux."

Un personnage contradictoire

Rachid Kassim ne cachait cependant pas ses opinions religieuses radicales. Ces dernières n'étaient pas sans susciter des difficultés avec les musulmans de sa ville d'origine: "Il avait publié un album de rap où il disait qu’il était terroriste. Il n’a pas fait mystère de son dogme religieux. Il avait d’ailleurs posé des problèmes dans la mosquée de sa ville."

Achraf Ben Brahim a également tracé les contours du personnage que Rachid Kassim était devenu en Irak. Selon lui, il tenait parfois des positions peu orthodoxes par rapport à l'organisation: "Il était d’autant plus dangereux qu’il n’était pas exalté. Il était capable d’émettre des critiques sur les politiques publiques de Daesh". En revanche, il endossait les pires cruautés du "califat" autoproclamé des jihadistes. Il avait d'ailleurs décapité un "espion de la coalition" (c'est ainsi en tout cas qu'il avait présenté sa victime) devant les caméras de son organisation. 

Le discours de Rachid Kassim empruntait parfois des sentiers imprévus, a expliqué l'auteur:

"Sur sa chaîne Telegram, il ne parlait pas que d’attentats. Effectivement, il mettait en place des tutoriels, des choix de gens à tuer. (...) Mais il parlait aussi de salariat, d’économie, d’eschatologie, des débats de société et pour preuve, il a évoqué 'l’hypocrise' des manifestants qui sortaient contre la loi El Khomri, comme quoi il suivait l’actualité française."

Propagandiste presque par hasard

Rien, pourtant, ne prédisposait Rachid Kassim à être autre chose qu'un simple soldat des troupes salafistes. Achraf Ben Brahim a, en effet, ajouté que c'était un coup du sort qui l'avait propulsé au rang de communicant:

"Rachid Kassim n’était pas un haut-placé de Daesh. Au départ, c’est un simple combattant, un fantassin. Mais lorsqu’il a été blessé à la rotule, il a voulu se rendre utile en propageant la parole du groupe. Il s’est avéré qu’il était efficace car il s’est substitué à la communication de Daesh au moment où le flux des vidéos s’est amoindri à mesure que l'organisation perdait du terrain. "

Robin Verner