Les phoques et les oiseaux de plus en plus menacés, selon l'Union internationale pour la conservation de la nature

Un bébé phoque dans le nord-est de l'Angleterre, le 8 novembre 2016. (Photo d'illustration) - Oli Scarff - AFP
Les animaux subissent de plein fouet les effets du changement climatique. Lors de son Congrès mondial, organisé ce vendredi 10 octobre à Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis, l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) a annoncé avoir dégradé d'un cran le statut du phoque à capuchon, désormais "en danger", du phoque barbu et du phoque du Groenland, "quasi menacés".
"Cette mise à jour, qui arrive au bon moment, souligne l'incidence toujours plus grande qu'a l'activité humaine sur la nature et le climat, et les effets dévastateurs que cela provoque", a affirmé lors d'une conférence de presse la directrice générale de cette l'Union internationale pour la conservation de la nature, la Costaricaine Grethel Aguilar.
Réduction de l'étendue de la glace marine
L'Arctique se réchauffe quatre fois plus vite que le reste du monde. De fait, l'étendue de la glace marine se réduit de plus en plus rapidement. Or, cette couverture de glace est très importante pour les phoques, notamment pour "leur reproduction, l’élevage de leurs petits, leur mue, leur repos et leur alimentation", rappelle l'IUCN.
"Chaque année, dans le Svalbard, le recul de la glace marine révèle à quel point les phoques de l’Arctique sont de plus en plus menacés. (...) Leur situation est un rappel brutal que les changements climatiques ne sont pas un problème lointain, mais qu’ils se produisent depuis des décennies et ont des impacts ici et maintenant", a réagi Kit Kovacs, Coprésidente du Groupe de spécialistes des pinnipèdes de la Commission pour la sauvegarde des espèces de l’IUCN.
D'autres facteurs d'extinction
Au-delà de la réduction de l'étendue de la glace marine, la navigation, le bruit, l’exploitation pétrolière et minérale, la chasse et les prises accessoires dans les engins de pêche accentuent la pression sur les phoques de l'Arctique. Pour limiter l'impact sur les mammifères, l'Union internationale pour la conservation de la nature demande, entre autres, "la réduction des prises accessoires, une chasse durable et la réduction des impacts sonores".
La baisse de la population de phoques a des conséquences sur de nombreuses autres espèces, et même sur les humains. Ces mammifères sont en effet "une source de nourriture essentielle pour les ours polaires, ainsi que pour les peuples autochtones vivant dans toute la région", précise l'IUCN, pour qui les phoques sont une "espèce clé".
Les oiseaux aussi menacés
Concernant les oiseaux, la "liste rouge" bénéficie de neuf ans de travail de "milliers d'experts". La conclusion est que "1.256 (soit 11,5%) des 11.185 espèces examinées sont menacées dans le monde". Selon le rapport de l'Union internationale pour la conservation de la nature, 61% des espèces d’oiseaux présentent des populations en déclin, contre 44% en 2016.
Sans surprise, la déforestation est l'une des causes de ces pertes, notamment à Madagascar, en Afrique de l’Ouest et en Amérique centrale. "Le fait que trois espèces d’oiseaux sur cinq dans le monde présentent des populations en déclin montre à quel point la crise de la biodiversité est devenue profonde", a commenté Ian Burfield, Coordinateur scientifique mondial de BirdLife.
En revanche, la population mondiale de tortues vertes marines a rebondi "grâce à des décennies d’action soutenue en faveur de sa conservation", explique l'IUCN. La tortue verte, présente dans toutes les mers chaudes du monde, passe d'"en danger" à "préoccupation mineure". La population mondiale a augmenté d'environ 28% en un demi-siècle.
C'est "un exemple puissant de ce qu’une conservation mondiale coordonnée au fil des décennies peut réaliser pour stabiliser et même restaurer les populations d’espèces marines à longue durée de vie", s'est félicité Roderic Mast, Coprésident du Groupe de spécialistes des tortues marines de la Commission pour la sauvegarde des espèces de l'IUCN.