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"Effrayant": la destruction des forêts tropicales à un niveau record en 2024, selon une étude

Un pompier s'attaque à un incendie de forêt près de Vidauban, dans le sud de la France, le 11 juin 2024. Photo d'illustration

Un pompier s'attaque à un incendie de forêt près de Vidauban, dans le sud de la France, le 11 juin 2024. Photo d'illustration - Valery HACHE © 2019 AFP

Dans les régions tropicales, où se situent les forêts les plus riches en biodiversité et en carbone de la planète, les incendies sont devenus pour la première fois depuis le début des relevés mondiaux la principale cause de déforestation.

6,7 millions d'hectares de forêt primaire, soit une superficie quasi-équivalente à celle du Panama. Selon une étude menée par l'université américaine du Maryland et publiée par Global Forest Watch, le nombre de destruction des forêts tropicales n'a jamais été aussi élevé que l'année dernière. Des données "effrayantes" qui s'expliquent notamment par une recrudescence des incendies causés par le réchauffement climatique.

Le chiffre, en hausse de 80% par rapport à 2023, "équivaut à la perte de 18 terrains de football par minute", a souligné Elizabeth Goldman, codirectrice de l'observatoire.

Dans les régions tropicales, où se situent les forêts les plus riches en biodiversité et en carbone de la planète, les incendies sont devenus pour la première fois depuis le début des relevés mondiaux la principale cause de déforestation.

Ces destructions ont représenté l'équivalent de 3,1 milliards de tonnes de CO2 émises dans l'atmosphère, soit un peu plus que les émissions liées à l'énergie de l'Inde.

Matt Hansen, professeur et codirecteur du Glad Lab de l'Université du Maryland, qui a dirigé l'analyse, a qualifié les nouveaux chiffres d'"effrayants". Pour Elizabeth Goldman, cette mise à jour de données est "différente de tout ce que nous avons vu en plus de 20 ans de données".

La déforestation plus élevée au Brésil que sous Bolsonaro

En 2024 la déforestation au Brésil, alimentée par les incendies et la pire sécheresse jamais enregistrée en Amazonie, a même atteint des niveaux bien supérieurs à ceux enregistrés sous le président d'extrême droite Jair Bolsonaro. Le pays a enregistré plus de 25.000km2 de perte totale de forêt tropicale primaire sous les tropiques. Des données qui diffèrent toutefois des statistiques officielles du Brésil puisque le pays exclut les incendies des causes de déforestation.

Un pays voisin, la Bolivie, occupe la deuxième marche du podium, avec un triplement des surfaces détruites l'an dernier, là encore sous l'effet d'incendies géants. La plupart "sont allumés pour défricher des terres au profit de fermes de taille industrielle", notent les auteurs.

Le bilan est mitigé ailleurs, avec une amélioration en Indonésie ou en Malaisie mais une nette dégradation au Congo ou en République démocratique du Congo.

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Lors de la COP26 qui s'est tenue fin 2021 à Glasgow, plus de 140 dirigeants mondiaux se sont engagés à mettre un terme à la déforestation d'ici la fin de la décennie. Moins de quatre ans plus tard, les pays sont loin d'atteindre cet objectif.

"Le signal transmis par ces données est particulièrement alarmant", a déclaré Matt Hansen, "la hausse des températures mondiales rend les forêts plus chaudes et plus sèches, et par conséquent plus susceptibles de brûler. Sous l'effet de l'activité humaine, même les forêts tropicales reculées peuvent brûler de manière incontrôlée."

Une "dynamique" d'incendies

L'année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde sous l'effet du changement climatique, causé par la combustion massive des énergies fossiles et du phénomène naturel El Niño.

Si les feux peuvent avoir une origine naturelle, ils sont la plupart du temps causés par l'homme dans les forêts tropicales afin de défricher des terres.

"Nous avons beaucoup de travail à faire pour faire face à une dynamique d'incendies aussi répandue, destructrice et croissante", poursuit-il.

Pour Elizabeth Goldman, "c'est un appel collectif à l'action pour chaque pays, chaque entreprise et chaque personne soucieuse d'une planète vivable. Nos économies, nos communautés, notre santé – rien de tout cela ne peut survivre sans les forêts."

Hugues Garnier avec AFP Journaliste BFMTV