"On a eu très peur", "on n'a rien sauvé du tout": la nuit de terreur des habitants de l'Aude obligés de fuir face à l'incendie

Un incendie d'une intensité exceptionnelle s'est déclaré dans l'Aude, ce mardi 5 août, prenant de cours les habitants. Contraints d'évacuer, certains ont vu leur maison brûler quand d'autres sont encore dans l'espoir de regagner leur chez-soi.

Un ciel rouge et des flammes géantes ont fondu sur le village de Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, sous les yeux effarés des habitants. Ce mardi 5 août, vers 16h20, un incendie d'une intensité exceptionnelle s'est déclarée à Ribaute dans l'Aude, et continue de progresser dans le massif des Corbières.

"On a eu très peur parce qu'on voyait les fumées et les flammes qui arrivaient vers nous. On ne voyait plus rien, c'était tout noir. Vraiment affreux", se souvient Anne, alors qu'elle rentrait chez elle en voiture avec son mari.

Aux premières loges, Willy Chantre, vacancier à Camplong d'Aude, raconte avoir vu le départ de l'incendie depuis la plage de Ribaute. "En quelques secondes, un tout petit foyer s'est transformé en ogre", décrit-il à BFMTV, évoquant "des flammes de plusieurs dizaines de haut".

"C'était très impressionnant (...). Hier, c'était tout vert, aujourd'hui tout est grillé", ajoute Willy Chantre.

Depuis son déclenchement, le plus gros incendie de l'été en France a parcouru plus de 13.000 hectares de garrigue et résineux, détruit ou endommagé au moins 25 habitations. Selon le bilan provisoire, une femme est morte à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse après avoir refusé de quitter son domicile malgré les demandes d'évacuation des autorités. Neuf personnes ont été blessées, dont un civil en urgence absolue, et sept sapeurs-pompiers.

"On n'a rien sauvé du tout"

Sur cette petite commune de moins de 800 habitants, au moins quatre maisons ont été brûlées. "C'est arrivé tellement vite. J'essayais d'arrêter les flammes, mais qu'est ce qu'on peut faire avec une lance de jardin?", s'interroge désespérément Jean Loïc, propriétaire dont la maison a pris feu.

Surpris par l'avancée de l'incendie, cet habitant de Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, n'a pas eu le temps d'enfiler un t-shirt. Contraint de fuir, 24 années de sa vie sont partis en cendres juste sous ses yeux. "C'est arrivé plusieurs fois, mais à chaque fois on a réussi à sauver [des choses]. Là, on n'a rien sauvé du tout", regrette l'homme.

À une dizaine de kilomètres de là, les habitants de Jonquières ont reçu l'ordre d'évacuer. "Le maire nous a dit d'évacuer vite. On a pris juste mon sac à main, les portables et un chargeur avant d'embarquer dans la voiture. Mais je ne sais pas si on va revoir notre maison", explique Nathalie, une habitante, aux côtés de son compagnon Laurent.

Malgré l'attente et l'angoisse, une vague de solidarité s'est d'ores et déjà formée pour venir en aide aux sinistrés. À la demande des maires des villes de concernées, des centres d'hébergements ont pu accueillir plus d'un millier de personnes, d'autres ont trouvé main tendue chez des amis et de la famille vivant à proximité.

"On a pu manger et parler un peu avec des personnes. C'est chaleureux", se réjouit Nathalie, qui ne peut toutefois cacher son inquiétude. "On souhaite nous héberger, mais on ne peut pas dormir. C'est très stressant".

"Une odeur de brûlé"

Dans les communes voisines qui n'ont pas été touchées, l'heure est à la prudence. "Ce qui était impressionnant, c'était de voir le nuage de fumée arrivant rapidement sur la plage et qui a complètement voilé le ciel. C'est devenu tout noir, noir avec des cendres qui tombaient et une odeur de bois brûlé", raconte Christophe Dhainaut qui observait la scène de loin.

"C'est une grande tristesse pour ces personnes qui ont tout perdu", soupire-t-il.

Sur BFMTV, le sous-préfet de Narbonne, Rémi Recio, recommande aux habitants de l'Aude de suivre les consignes de la préfecture et de rester chez eux. "Le confinement, c'est la meilleure des protections. Dès lors que les gens sont à l'intérieur, ils sont en sécurité", assure-t-il.

L'incendie, d'une intensité exceptionnelle, continue de faire des ravages ce mercredi matin, portant provisoirement au nombre de huit les communes touchées selon le Sous-préfet de Narbonne, Rémi Recio. Pour tenter d'endiguer sa progression, quelque 1.500 pompiers sont sur le terrain, assistés dans les airs par neuf Canadair, cinq Dash et deux hélicoptères bombardiers d'eau.

Météo France a classé l'Aude en alerte orange incendies, tout comme les six départements du littoral méditerranéen: les Pyrénées-Orientales, l'Hérault, les Bouches-du-Rhône, le Gard, le Vaucluse et le Var.

Orlane Edouard