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Climat

Les cinq grands enjeux de la COP21 qui s'est ouverte au Bourget

François Hollande accueille son homologue américain Barack Obama à son arrivée au Bourget pour l'ouverture officielle de la Cop21

François Hollande accueille son homologue américain Barack Obama à son arrivée au Bourget pour l'ouverture officielle de la Cop21 - Christophe Ena-AFP

Quelque 195 pays, réunis ce lundi au Bourget pour la Cop21, ont douze jours pour trouver un accord et limiter à 2°C le réchauffement climatique à l'échelle planétaire. L'objectif est de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre. Voici les cinq enjeux qui pourraient rendre les discussions difficiles.

C'est la conférence de la dernière chance pour les 195 pays signataires de la convention de l'ONU sur le climat. Quelque 170 chefs d'État, de gouvernement et responsables d'organisations internationales sont réunis ce lundi au Bourget, au nord de Paris, pour l'ouverture officielle de la Cop21, qui se tiendra jusqu'au 11 décembre. Objectif principal: trouver un accord pour limiter le réchauffement climatique à 2°C d’ici à 2100. Mais les enjeux sont multiples et les négociations s'annoncent compliquées.

1 - Les contributions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre

Pour limiter la hausse de température à 2°C par rapport au 19e siècle, c'est-à-dire avant la révolution industrielle, il faudrait parvenir à une baisse de 40% des émissions de gaz à effet de serre en 2050, puis ne plus émettre à partir de 2100. Dans les semaines précédant la Cop21, quelque 170 pays ont soumis des contributions sur la diminution de leurs émissions de gaz à effet de serre. Ensemble, ils représentent plus de 90% des émissions de la planète. Mais ces objectifs sont insuffisants pour limiter le réchauffement climatique. Illustration avec la Chine et les Etats-Unis, qui représentent à eux deux près de la moitié du total des émissions de CO2. Pékin promet seulement que son pic d'émissions sera atteint en 2030. Et Washington s'est engagé à réduire de 28% ses émissions par rapport à 2005, sachant que ce niveau est considéré comme le pic historique des Etats-Unis.

2 - Donner un prix au carbone

La question du prix du carbone, qui permet d'inciter à investir dans des énergies plus propres, à travers une taxe ou un système de marché, sera évoquée. Mais difficile d'imaginer un prix unique. Certains Etats ont d'ores et déjà mis en place des dispositifs. Des entreprises se sont dotées de prix virtuels du carbone. "L'enjeu de la Cop21 doit aussi être d'éviter les fuites de carbone, c'est-à-dire que les économies les plus contraignantes en matière d'émissions de CO2 n'amènent les industriels à se délocaliser vers les pays les moins contraignants", explique pour L'Usine Nouvelle Francis Duseux, président de l'Union Française des industries pétrolières.

3 - L'aide aux pays en développement

Le financement de ces engagements demeure délicat. En 2009, lors de la conférence de Copenhague, qui s'était soldée par un fiasco, les pays riches avaient promis de mobiliser quelque 100 milliards de dollars par an d'ici à 2020 pour financer la transition énergétique des pays pauvres. "Cet engagement doit permettre aux pays en développement de lutter contre le dérèglement climatique tout en favorisant un développement durable et juste", détaille la feuille de route du ministère de l'Ecologie. Mais selon l'OCDE, en additionnant financements, crédits et effacements de dettes, un total de 60 milliards de dollars seulement est atteint. Sans compter que pour les Etats en développement, qui réclament des transferts de technologies, ce montant est loin d'être suffisant.

4 - Le principe de responsabilité

Le principe d'une "responsabilité commune mais différenciée" des pays est inscrit dans la Convention de l'ONU sur le climat. Cela signifie la nécessité de prendre en compte la responsabilité historique des pays développés dans le réchauffement et la capacité d'action des autres Etats en fonction de leur développement. Une formule revendiquée, entre autres, par l'Inde pour exiger des pays riches davantage d'efforts, mais aussi défendre son propre droit à se développer, et par conséquent à émettre.

5 - Contraignant ou non contraignant

Laurent Fabius a donné le ton. "Nous ne sommes pas réunis à Paris pour une discussion de salon, nous sommes réunis pour prendre des décisions juridiquement contraignantes". Pour le ministre français des Affaires étrangères et président de cette Cop21, un accord juridiquement contraignant est la seule solution. Mais John Kerry, son homologue américain, s'y oppose. Il a jeté un froid début novembre en déclarant au Financial Times qu'il n'en était pas question. François Hollande a répliqué: "Si l'accord n'est pas juridiquement contraignant, il n'y a pas d'accord".

C. H. A.