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INFOGRAPHIES. Des incendies plus virulents et plus étendus: année après année, la France s'embrase

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En France, les feux de forêts se déplacent géographiquement vers le nord du pays. Avec le réchauffement climatique, le phénomène va s'aggraver.

La France s'embrase. Avec la hausse progressive des températures et la sécheresse qui s'installe dans la durée, le risque d'incendies est maximum: la direction générale de la Sécurité civile "recommande une grande prudence" jusqu'à ce dimanche dans la zone méditerranéenne, où la végétation est "sensible". Dans le Gard, un "méga-feu" s'est déjà déclenché ce jeudi en fin d'après-midi brulant plus de 650 hectares.

L'été s'annonce déjà "explosif", selon les mots de Grégory Allione, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, invité de BFMTV ce jeudi.

"Aujourd'hui, on recense de plus en plus de feux de petite végétation, de broussaille ou de récolte", explique Romaric Cinotti, référent national feux de végétation à Météo-France, à BFMTV.com.

"Avec l'allongement des périodes de sécheresse, le phénomène de stress hydrique des végétaux qui en découle et des conditions météorologiques caniculaires dès la mi-juin, les surfaces végétales s'enflamment de plus en plus rapidement", précise l'ingénieur météorologue.

"Un seul mégot ou une étincelle peut suffire"

Conséquence: la surface brûlée a augmenté ces dernières années, comme le montre l'infographie ci--dessous, basée sur le recensement des incendies de forêt réalisé par le ministère de l'Agriculture: en 2017, année record, plus de 23.000 hectares ont été ravagés par les flammes.

Et la France doit s'attendre à des feux de plus en plus intenses dans les années à venir. "Depuis des dizaines d'années, les projections climatiques montrent que le bassin méditerranéen dans son ensemble va vers un climat plus chaud et plus sec et qui rend les choses plus favorables aux incendies", a expiqué Jean-Pascal Van Ypersele, ancien vice-président du Giec, sur BFMTV.

"La hausse de température dûe au changement climatique a une incidence directe sur les départs de feux", abonde Romaric Cinotti. "La température prévue par Météo-France - celle de l'air ambiant - est mesurée sous abri ventilé à 2 mètres du sol."

"Dès lors, avec 38°C prévus par ciel dégagé, la température à la surface du sol peut dépasser les 50°C. Un seul mégot ou une étincelle peuvent alors suffire à provoquer un départ d'incendie."

Des incendies qui remontent vers le Nord

Surtout, si ces incendies concernent toujours majoritairement le pourtour méditerranéen et le Sud-Ouest, les autres régions françaises ne sont plus épargnées.

"On a observé en mars des feux à Haspelschiedt en Moselle, à Breille-les-Pins dans le Maine-et-Loire, et le 1er mai à Liffré dans la forêt domaniale de Rennes, en Ille-et-Vilaine, des départements quasi immunisés jusque-là, et dont la végétation est moins apte à se régénérer", a rappelé Grégory Allione au Parisien.

Là aussi, les données du ministère de l'Agriculture illustrent cette tendance. L'animation ci-dessous montre les feux de forêt recensés depuis 2006, qui s'étendent petit à petit dans des régions comme dans le Centre-Val-de-Loire, la Bourgogne-Franche-Comté ou le Grand-Est.

"Avant 2019, l'ensemble des aires d'accueil de nos avions étaient en dessous de la Loire", a expliqué le commandant Alexandre Jouassard, porte-parole de la Sécurité civile, sur BFMTV. "Sur les trois dernières années, on en a mis au nord de la Loire: à Chateauroux, dans la Somme, à Épinal... Si je vous avais dit ça il y a 10 ans, tout le monde m'aurait regardé avec des yeux..."

Des feux plus intenses, plus étendus... Et qui risquent de survenir à tout moment. "Si aujourd'hui nous estimons la période à risque à environ 1 mois en région méditerranéenne et de l'ordre de 3 à 6 jours sur le nord du pays, nous anticipons une période pouvant s'allonger jusqu'à 2 mois en région méditerranéenne et 2 semaines au nord du pays à l'horizon 2050", conclut Romaric Cinotti.

"Il n’y a plus de saison de feux", insiste Grégory Allione auprès du Parisien. "Désormais, les sapeurs-pompiers interviennent toute l’année." Du 1er janvier au 31 décembre.

Théophile Magoria