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+2,4°C contre +1,3°C ailleurs: pourquoi l'Europe se réchauffe plus vite que le reste de la planète

Un snowboardeur descend une piste de ski avec de la neige à canons à Sampeyre, dans le nord-ouest de l'Italie, le 2 janvier 2025.

Un snowboardeur descend une piste de ski avec de la neige à canons à Sampeyre, dans le nord-ouest de l'Italie, le 2 janvier 2025. - MARCO BERTORELLO / AFP

À l'aune du dérèglement climatique, le Vieux Continent est celui qui se réchauffe le plus rapidement. L'une des causes principales est la fonte des neiges et des glaces, notamment car une proportion importante des terres européennes est située dans l'Arctique.

Une nouvelle fois, 2024 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée. Le dérèglement climatique se poursuit, mais tous les endroits de la planète ne se réchauffent pas de la même manière. Selon le rapport de Copernicus et de l'Organisation météorologique mondiale publié ce mardi 15 avril, la température moyenne de la planète a augmenté de 1,3°C par rapport aux niveaux pré-industriels.

L'Europe s'est, elle, réchauffée de 2,4°C. Et la surchauffe continue puisque 2024 a été l’année la plus chaude jamais mesurée sur le continent.

"Depuis les années 1980, l'Europe se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale, ce qui en fait le continent qui se réchauffe le plus rapidement sur Terre", indique Copernicus.

Les océans se réchauffent moins vite que les continents

Alors comment expliquer cette différence? D'abord, lorsque l'on parle de température moyenne globale, on prend en compte les océans et les continents. Or, les terres émergées se réchauffent plus rapidement que les eaux, qui représentent environ 70% de la surface de la Terre.

Selon le sixième rapport du Giec paru en 2023, en moyenne, le réchauffement de la surface terrestre devrait être 1,5 fois plus rapide que sur les océans. Il faut en fait beaucoup plus d'énergie pour chauffer de l'eau que de la terre. "Dans l'océan, l'énergie qui provient du soleil va chauffer la surface, mais elle est aussi utilisée pour l'évaporation qui a un pouvoir refroidissant", explique à BFMTV.com Françoise Vimeux, climatologue à l'institut de recherche pour le développement. C'est ce phénomène qui explique qu'à la plage, le sable chauffe plus rapidement que l’eau juste à côté.

L'Europe se réchauffe donc plus vite que la moyenne mondiale car elle est un continent alors que la surface de la planète est majoritairement constituée d'eau. Néanmoins, même au sein des terres émergées, le Vieux Continent connaît un réchauffement plus intense que les autres.

Fonte des neiges

"L'Europe perd ses surfaces enneigées et donc ses surfaces blanches qui ont des propriétés de réflexion de l'énergie solaire", explique Françoise Vimeux.

Sur le continent, il y a de nombreux massifs montagneux et des régions situées très au nord qui sont généralement enneigées. En outre, plusieurs pays se trouvent sur le cercle arctique, qui se réchauffe extrêmement rapidement. Le réchauffement est amplifié dans ces régions en raison de ce que l'on nomme la "rétroaction de l'albédo".

La fonte des glaces et des neiges liée à la hausse des températures globales diminue l’albédo, c’est-à-dire la capacité de la Terre à renvoyer les rayons du soleil, en raison du changement de couleur du sol. On passe d'une surface qui réfléchit le rayonnement solaire à une qui l'absorbe.

Par conséquent, selon le rapport de Copernicus paru ce mardi, la température de l'air en surface de l'Arctique a augmenté de 3,3°C en moyenne depuis 1850-1900, contre 1,3°C dans le reste du monde. À titre d'illustration, l'archipel du Svalbard, situé en mer du Groenland, est l'un des endroits qui se réchauffent le plus vite sur Terre.

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Sécheresses et désertification

Un phénomène similaire est observable dans le sud de l'Europe, qui connaît une multiplication et une intensification de sécheresses et de canicules. Selon les données de Copernicus, la région a connu treize jours consécutifs de canicule durant l’été 2024, soit la plus longue vague de chaleur jamais enregistrée dans la région.

"Sur le pourtour méditerranéen, on a des sols de plus en plus secs ce qui renforce la chaleur", affirme Françoise Vimeux. La climatologue explique ainsi que des sols gorgés d'eau entrainent un réchauffement moins important que des sols secs car, à nouveau, l'énergie solaire va etre en partie utilisée par l'évaporation en présence de l'eau. À l'inverse, avec des sols asséchés, le pouvoir réchauffant est plus important.

L'année dernière, la France a officiellement rejoint la liste des pays affectés par la désertification, rejoignant d'autres États méditerranéens comme l'Espagne, l'Italie, la Turquie ou la Grèce.

Selon le comité scientifique français de la désertification, 1% du territoire métropolitain est actuellement concerné. Il s'agit du pourtour méditerranéen, notamment les Pyrénées-Orientales et la Corse-du-Sud ainsi que l'île de la Réunion, la Guadeloupe et Mayotte.

Des vents plus chauds

Le continent européen se réchauffe particulièrement vite également en raison de "sa position géographique", poursuit Françoise Vimeux. Elle explique, en effet, que "le dérèglement climatique modifie la circulation atmosphérique".

Cela signifie que le mouvement des masses d'air à grande échelle se voit changé depuis quelques années et que, par conséquent, la circulation des masses d'air est différente. "Des études ont montré qu'en Europe du Sud, on pourrait avoir plus d'arrivée d'air du sud, donc plus chaud, ce qui réchauffe le continent", détaille Françoise Vimeux.

En 2024, selon Copernicus, les vagues de chaleur ont été plus fréquentes et plus sévères et l'Europe du Sud a connu des sécheresses généralisées importantes.

L'année dernière, des températures annuelles record ont été enregistrées dans près de la moitié des pays d'Europe. "Dans les autres parties d'Europe, les températures ont été généralement plus chaudes que la moyenne, avec environ 85% de la région qui a été beaucoup plus chaude que la moyenne", indique Copernicus.

Signe du réchauffement climatique, les trois années les plus chaudes jamais enregistrées en Europe se sont toutes produites depuis 2020 et les dix années les plus chaudes depuis 2007.

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Salomé Robles