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Climat

Canicules fréquentes, sécheresses, feux généralisés... Ces extrêmes climatiques d'une France à +4°C

Le sol craquelé en raison de la sécheresse près du réservoir d'eau Sau, à Gérone, en Espagne, le 16 janvier 2024

Le sol craquelé en raison de la sécheresse près du réservoir d'eau Sau, à Gérone, en Espagne, le 16 janvier 2024 - Lluis GENE

Météo-France publie ce jeudi un rapport sur le climat de la France à horizon 2100, dans un scénario de réchauffement climatique de +4°C dans l'Hexagone. Cette projection, qui est la référence pour les politiques d'adaptation en France, induit des vagues de chaleur plus fréquentes, de la neige qui se raréfie en montagne et des feux de forêts répandus.

Des hivers plus humides, des canicules plus fréquentes, des feux de forêt dans toutes les régions... Météo-France a publié ce jeudi 20 mars un rapport sur le futur climat de la France dans un contexte d'"urgence climatique". L'organisme de prévisions météorologiques a étudié la manière dont un réchauffement du climat de +4°C par rapport à la période préindustrielle (1850-1900) affecterait la vie en France.

"En France hexagonale et en Corse, le réchauffement moyen attribué au changement climatique sur la décennie 2013-2022 est de +1,7°C", souligne Météo-France dans un communiqué. Dans ce cadre, et conformément aux projections des scientifiques du Giec, les autorités françaises veulent "se préparer à un réchauffement de +4°C sur la France hexagonale en fin de siècle", explique l'organisme dans son rapport. Météo-France a donc été chargé de détailler quel climat connaîtra le territoire dans ce scénario.

Des étés de plus en plus chauds

Premier constat: dans une France à +4°C, les événements extrêmes vont se multiplier. "Une année aussi chaude que 2022 serait une année exceptionnellement fraîche à l’horizon 2100", estime Météo-France. Selon le programme européen Copernicus, l’Europe a connu en 2022 l’été le plus chaud jamais observé, avec 1,4°C de plus que la moyenne récente. En France, cette chaleur intense a fait près de 5.000 morts, d'après une étude menée par des scientifiques de l’Inserm et de l’Institut de Barcelone pour la Santé Globale (ISGlobal).

Aussi, d'ici la fin du siècle, "dans les régions méditerranéennes, on attend en moyenne jusqu’à 30 à 40 jours de très forte chaleur par an (soit une dizaine de jours supplémentaires par rapport aux records de l’été 2022)", selon Météo-France. Les très fortes chaleurs correspondent à des températures de plus de 35°C.

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Et "alors qu’il était extrêmement rare au 20e siècle en France, le seuil des 40°C est atteint en moyenne tous les ans et localement des records de chaleur jusqu’à 50°C sont possibles dès l’horizon 2050" de la trajectoire de réchauffement de référence pour la France. Ces records de chaleur "deviennent probables dans les événements caniculaires les plus intenses à l’horizon 2100", souligne l'organisme.

Météo-France prévoit que le nombre de jours de vagues de chaleur sera multiplié par trois par rapport au climat actuel d'ici 2100. Elles se produiront de mi-mai à fin septembre et peuvent durer jusqu’à deux mois en continu.

"Les étés futurs seront plus chauds que tous ceux connus jusqu'à aujourd'hui", a expliqué Jean-Michel Soubeyroux, directeur adjoint scientifique de la climatologie chez Météo-France, lors d'un point presse ce jeudi.

Des sécheresses fréquentes

En parallèle, les sécheresses deviendront "fréquentes en été et en automne" si la France connaît un réchauffement de +4°C. "Certains événements de sécheresse peuvent s’étaler sur plusieurs années consécutives. Une sécheresse telle que connue en 2022 devient un événement fréquent en été", affirment les auteurs du rapport. Le nombre de jours de sol sec augmentera dans une France à +4°C et atteindra 4 à 5 mois dans la moitié nord et jusqu’à plus de 7 mois sur les régions méditerranéennes, d'après le rapport.

Les sécheresses et les fortes températures étant un élément favorisant les feux de forêt, il n'est pas étonnant que le risque élevé de feu se généralise à l'ensemble de la France d'ici 2100. Les régions allant de la Loire au Bassin parisien connaîtront un risque de feu élevé, "selon des fréquences rencontrées à ce jour sur l’arrière-pays méditerranéen", affirme Météo-France.

La pratique du ski risque par ailleurs de se raréfier, avec un nombre de jours de neige au sol très réduit par rapport à aujourd'hui sur tous les massifs. Cette diminution sera de l'ordre "de 1 à 2 mois en moyenne aux altitudes les plus hautes, et de 2 à 3 mois en moyenne aux altitudes moyennes et basses".

"Ce rapport souligne l'importance de nous préparer dès maintenant à un climat très différent de celui qu'on a connu aujourd'hui, avec des extrêmes plus sévères", avertit Jean-Michel Soubeyroux.

Sophie Cazaux