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Climat

Après un début d'année très sec, le niveau des nappes phréatiques continue d'inquiéter

(Photo d'illustration)

(Photo d'illustration) - GUILLAUME SOUVANT © 2019 AFP

Selon les données récoltées par le site info-sécheresse, les trois-quarts des masses d'eau en France se situent à un niveau bas.

Marqué par une sécheresse historique, l'été 2022 avait poussé nombre de communes en France à trouver des alternatives pour s'approvisionner en eau, grâce à des camions-citernes ou en pompant l'eau de leur lac.

La saison estivale 2023 promet-elle un scénario similaire? Alors que la nouvelle année a débuté depuis quelques semaines, les données relatives à l'état des nappes phréatiques dans l'Hexagone inquiètent déjà. Selon les derniers chiffres récoltés par le site info-secheresse.fr, sur les 422 nappes recensées, 342 se trouvent à un faible niveau: 125 à un niveau "très bas", 120 à un niveau "bas" et 97 à un niveau "modérément bas".

Des nappes affaiblies par 2022

Le centre de la France est particulièrement touché, mais également l'est de la Côte d'Azur. En janvier, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) pointait du doigt une "recharge des nappes phréatiques peu intense", avec "plus des trois-quarts des nappes sous les normales mensuelles".

L'état des nappes phréatiques au 1er janvier 2023 selon le BRGM.
L'état des nappes phréatiques au 1er janvier 2023 selon le BRGM. © BRGM

Parmi les nappes les plus basses, le BRGM mentionnait les nappes alluviales de l’est de la Côte d’Azur, à un niveau "préoccupant", mais aussi certains bassins situés en Bourgogne-Franche-Comté et en Vendée.

En cause? Un faible niveau des pluies infiltrées en profondeur durant l'automne 2022, et des sols très secs suite à la sécheresse estivale, donc plus imperméables. Le BRGM notait une recharge des nappes "en cours bien que peu intense" en décembre 2022.

"Les niveaux restent cependant préoccupants sur une grande partie du territoire, avec plus des trois-quarts des indicateurs affichant des niveaux modérément bas à très bas", s'inquiétait le BRGM.

24 jours sans pluie, un record

Les nappes, affaiblies par une saison estivale record, ont besoin de précipitations plus qu'importantes si elles souhaitent se recharger à des niveaux satisfaisants. Or, depuis la publication de ce dernier bulletin, les conditions ne se sont pas améliorées, au contraire.

En février, les précipitations se sont faites rares en France. Un record depuis trois décennies, en lien avec le maintien de conditions anticycloniques au-dessus du pays.

Comme l'a souligné Serge Zaka, docteur en agroclimatologie, sur Twitter ce mercredi, "il n'y pas eu de pluie significative en France depuis 24 jours". Puis de continuer: "Le pays pourrait vivre son mois de février le plus sec depuis le début des mesures".

Les nappes phréatiques jouent un rôle crucial: ce sont elles qui permettent la présence d'eau durant l'été, et qui alimentent traditionnellement les sources d'eau potable. En janvier, le BRGM avait dressé un scénario en cas de pluviométries insuffisantes. L'organisme pointait alors du doigt le risque d'une période de vidange qui interviendrait plus tôt qu'à l'accoutumé.

"La situation se dégradera, lentement sur les nappes inertielles et rapidement sur les nappes réactives", écrivait le BRGM.

Reste l'espoir de voir des pluies importantes se déclencher en mars, ou en avril. Après, il sera trop tard: les végétaux et les cultures, une fois sortis de terre, captent la quasi-totalité des précipitations.

François Pitrel et Jules Fresard