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Culture

Festival de Cannes: après sa Palme d'or, Jafar Panahi n'a "pas du tout" peur de rentrer en Iran

Le réalisateur et scénariste iranien Jafar Panahi, Palme d'Or du Festival de Cannes pour son film "Un simple accident", le 24 mai 2025

Le réalisateur et scénariste iranien Jafar Panahi, Palme d'Or du Festival de Cannes pour son film "Un simple accident", le 24 mai 2025 - Antonin THUILLIER © 2019 AFP

Quelques heures après son sacre au Festival de Cannes, le réalisateur iranien dissident Jafar Panahi a affirmé ne pas avoir du tout peur de rentrer en Iran.

Le réalisateur iranien Jafar Panahi a déclaré ce samedi 24 mai à l'AFP qu'il n'avait "pas du tout" peur de rentrer en Iran après avoir reçu la Palme d'or à Cannes pour Un simple accident, brûlot politique tourné clandestinement.

Interrogé sur le fait de savoir s'il redoutait ce retour, le cinéaste de 64 ans, écroué à deux reprises dans son pays, récemment autorisé à quitter à l'Iran mais toujours interdit de tourner, a répondu: "Pas du tout. Nous partons demain".

Opposant au pouvoir iranien, Jafar Panahi a consacré sa vie au cinéma en défiant la censure, parfois au prix de sa liberté, jusqu'à sa consécration par une Palme d'or à Cannes samedi.

"Je suis vivant parce que je fais des films", a déclaré pendant le festival l'auteur du brûlot politique Un simple accident, l'un de ses films les plus directs.

"Quand on met (un artiste) en prison, on lui tend une perche"

Assigné jusqu'à récemment en Iran, interdit de tourner, le cinéaste de 64 ans, figure de la Nouvelle vague du cinéma iranien multiprimée à l'international, a pu faire le déplacement à Cannes (et dans un festival) pour la première fois depuis 15 ans.

Son amour du cinéma, Panahi l'a plusieurs fois payé de sa liberté: il a été incarcéré à deux reprises, 86 jours en 2010 et près de sept mois entre 2022 et 2023. Il avait entamé une grève de la faim pour obtenir sa libération.

Derrière les barreaux, Panahi a trouvé l'inspiration pour son dernier film, dans lequel il dénonce l'arbitraire sans se mettre lui-même en scène comme dans ses précédentes réalisations.

"Quand on met (un artiste) en prison, on lui tend une perche, on lui donne une matière, des idées, on lui ouvre un monde nouveau", a-t-il expliqué à Cannes.

Interrogé sur le fait de savoir s'il redoutait de retourner en Iran après la Palme d'or, le cinéaste s'est montré catégorique. "Pas du tout. Nous partons demain" dimanche, a-t-il déclaré.

Grand nom du cinéma iranien, comme Abbas Kiarostami dont il a été l'assistant au début de sa carrière, Jafar Panahi a vu ses oeuvres, interdites en Iran, régulièrement primées dans les plus grands festivals, de Cannes à Venise en passant par Berlin. Ne pouvant s'y rendre, sa chaise restait symboliquement vide.

C.L. avec AFP