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Cannes 2025: le réalisateur dissident Jafar Panahi reçoit la Palme d'or pour "Un simple accident"

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Lors de son discours, le réalisateur de 64 ans, qui a tourné son film clandestinement, a plaidé pour la "liberté" de son pays.

Le cinéaste et dissident iranien Jafar Panahi a reçu la Palme d'or à Cannes ce samedi 24 mai pour son film Un simple accident, tourné clandestinement. Lors de son discours, le réalisateur de 64 ans a plaidé pour la "liberté" de son pays.

Jafar Panahi, qui a pu se rendre à Cannes pour la première fois depuis 15 ans, a été récompensé pour ce conte moral auscultant la tentation d'anciens détenus de se venger de leurs tortionnaires.

"Je crois que c'est le moment pour demander à tous les gens, tous les Iraniens, avec toutes les opinions différentes d'autres, partout dans le monde, en Iran ou dans le monde, je me permets de demander une chose: mettons de côté (...) tous les problèmes, tous les différences, le plus important en ce moment, c'est notre pays et c'est la liberté de notre pays", a-t-il déclaré en farsi, selon la traduction fournie par le festival.

"Transformer les ténèbres en pardon"

Nul ne sait quel sort lui réserveront les autorités de Téhéran après ce onzième long-métrage, lui qui a déjà été incarcéré à deux reprises en Iran, où il a été condamné en 2010 à six ans de prison et à 20 ans d'interdiction de tournage.

"Ce qui importe le plus, c'est que le film ait été réalisé. Je n'ai pas pris le temps de penser à ce qui pourrait arriver. Je suis vivant tant que je fais des films", avait-il déclaré à l'AFP mardi 20 mai.

En lui remettant la Palme d'or, la présidente du jury Juliette Binoche a évoqué la vocation des artistes à "transformer les ténèbres en pardon".

"L'art provoque, questionne, bouleverse. (...) L'art mobilise l'énergie créatrice de la part la plus précieuse, la plus vivante, en nous. Une force qui permet de transformer les ténèbres en pardon, en espérance, en vie nouvelle", a déclaré la star française.

Depuis 2010, l'Iranien n'avait pas pu quitter son pays pour se rendre à un des grands festivals de cinéma qui l'ont couvert de distinctions (deux Ours d'or à Berlin, trois prix à Cannes, un autre à Venise).

Jafar Panahi est par ailleurs le quatrième réalisateur de l'histoire du 7e art - après Henri-Georges Clouzot, Michelangelo Antonioni et Robert Altman - à avoir remporté la récompense suprême des trois festivals de cinéma les plus prestigieux.

https://twitter.com/J_Lachasse Jérôme Lachasse avec AFP Journaliste BFMTV