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Survols de centrales nucléaires: les drones sont-ils une menace?

Treize centrales centrales ont été survolées depuis octobre, dont l'une, Penly en Seine-Maritime (photo), à deux reprises.

Treize centrales centrales ont été survolées depuis octobre, dont l'une, Penly en Seine-Maritime (photo), à deux reprises. - Charly Triballeau - AFP

Treize centrales nucléaires ont été survolées par des drones depuis octobre. Les intérêts de la France sont-ils en danger? "Non", assure Christophe Naudin, criminologue et spécialiste de la sûreté aérienne, "il n’y a absolument aucun risque pour les centrales actuellement". Interview.

Alors que le survol des centrales nucléaires est interdit en France dans un périmètre de cinq kilomètres et de 1.000 mètres d'altitude autour des sites, treize d’entre elles ont été survolées par des drones depuis octobre. Des actes qui n’ont pour l’heure pas été revendiqués. Le gouvernement “n’a aucune piste pour l’instant” quant à l’identité des propriétaires de ces drones, a admis, dimanche, la ministre de l'Écologie Ségolène Royal, ajoutant "qu’en aucun cas”, elle ne laisserait “quiconque porter atteinte à la crédibilité et à la réputation de sûreté de nos centrales nucléaires”. Jeudi, le ministère de l'Intérieur avait déjà assuré que ces survols ne représentaient "aucun danger pour la sécurité des installations survolées”. Vraiment? Interview de Christophe Naudin, criminologue, expert de la sûreté aérienne et formateur pour la police et de la gendarmerie nationales.

Le gouvernement affirme que le survol de centrales nucléaires par des drones n’est pas dangereux. Est-ce crédible?

"Non seulement c’est crédible, mais c’est vrai. On évalue le risque en fonction des connaissances que l’on a en matière de sûreté aérienne, et on sait comment est construite une centrale nucléaire. Il n’y a absolument aucun risque pour les centrales actuellement. Je suis formel là-dessus. C’est du blabla écologiste pour faire croire que les centrales ne sont pas bien protégées. C’est faux! Un drone qui s’écraserait sur une partie de la centrale, ce serait l’équivalent d’un moucheron qui s’écraserait sur votre pare-brise. Demain, en revanche, la technologie et la capacité de transport vont se perfectionner".

Certains évoquent des drones capables de transporter des charges explosives...

"Cela n’est pas crédible. La charge ne serait pas suffisante pour créer des dégâts significatifs. Pour faire exploser quelque chose, il faut être en milieu confiné. En plein air ça n’aurait pas ou peu d’effet. Quel que soit le type d’explosif, c’est du délire complet!"

Le fait que les drones puissent prendre en photo les centrales peut-il représenter un danger?

"Non. Même en termes de renseignement, ça n’est pas une menace. On voit tout sur Google Earth et lorsqu’on survole les centrales en avion".

Qui peut être à l’origine de ces survols?

"C’est nécessairement une organisation qui a des moyens pour survoler simultanément plusieurs endroits. La probabilité est faible pour qu’il s’agisse d’individus isolés. Un drone coûte cher. Ils prendraient le risque de le perdre, de le casser, alors que ça vaut plusieurs milliers d’euros."

Est-ce un coup de com’?

"C’en est un! On s’amuse à faire peur aux Français. L’opération de communication a bien fonctionné, ça fait beaucoup de bruit, mais il n’y a pas de danger réel."

Pourquoi les drones n’ont-ils pas été détruits? Y a-t-il un dispositif antidrone en France?

"Il n’existe, pour l’heure, pas de dispositif antidrone. Il y a des dispositifs pour les drones qui volent à très haute altitude, on les abat comme des avions. Pour les petits drones à voilure tournante vendus dans le commerce, il n’existe pas de dispositif."

Peut-on retrouver les propriétaires des drones?

 "Je doute qu’on puisse le faire facilement. Pour les drones, interdire et sur-réglementer ne serait sans doute pas la solution. Cela ferait comme pour les armes illégales, que l’on n’arrive toujours pas à repérer. La solution serait plutôt de neutraliser les drones en vol."