Surirradiés d'Epinal: ouverture du procès en appel

Près de 70 parties civiles, des victimes et leurs familles sont attendues pour ce premier jour de procès. - Thomas Samson - AFP
Le procès doit durer jusqu'au 12 décembre. Une nouvelle épreuve pour les irradiés d'Epinal et leurs familles après le procès en première instance. En 2013, le tribunal correctionnel de Paris avait condamné trois des sept prévenus. Un radiophysicien de l'hôpital d'Epinal avait été condamné à trois ans de prison, dont 18 mois ferme, pour homicides et blessures involontaires et soustraction de preuve.
Deux médecins avaient eux écopé d'une peine de quatre ans de prison, dont 18 mois ferme, pour homicides et blessures involontaires ainsi que non-assistance à personne en danger. Tous les trois ont fait appel, ils sont accusés par négligence d'avoir administré des surdoses de radiation à de nombreux patients passés par l'hôpital d'Epinal. Des patients pour la plupart traités pour des cancers de la prostate par radiothérapie entre 2001 et 2006.
Dysfonctionnement humain et matériel
L'enquête avait révélé plusieurs problèmes, d'abord, une erreur de paramétrage du logiciel de la machine. Ensuite, lors du calcul final des radiations administrées aux patients, l'absence de prise en compte des radiations déjà subies avant le traitement. Pour les prévenus en première instance, le problème venait surtout du manque de connaissance sur ces accidents à l'époque. Ils mettaient en avant le fait que les mêmes techniques étaient utilisées dans les autres hôpitaux.
Pourtant, cette affaire est le plus important accident de radiothérapie en France. Les victimes regrettent que les médecins minimisent leur responsabilité. "Ils se sont trompés lourdement", regrette Jean-Claude l'une des victimes interrogé par RMC. Pour lui, le nouveau procès "va être dur physiquement et émotionnellement. Il va encore falloir entendre que ces médecins sont de belles personnes qui ont passé leur vie à sauver des vies humaines."
Parmi les 450 patients, douze sont décédés suite à cette surexposition. Les autres subissent des blessures irréversibles : rectums, intestins et vessies brûlées par les rayons. Philippe Stäbler, président d'une association de victimes confie vivre avec "un handicap mais c'est un handicap qui ne se voit pas donc les gens n'imaginent pas ce que l'on vit au quotidien. Des douleurs intestinales, des intestins qu'on ne maîtrise plus, des saignements...".
Manque d'information des victimes
En première instance, le tribunal avait mis l'accent sur l'accumulation d'erreurs. Le parquet lors de ses réquisitions pointait du doigt la "volonté de cacher la vérité" aux victimes. En effet, l'information aux victimes et leur suivi avait été défaillant. Depuis, elles ont toutes été indemnisées de leur préjudice corporel.
Le tribunal correctionnel de Paris a interdit aux deux médecins d'exercer définitivement. Le radiophysicien a lui reçu l'interdiction d'exercer pendant cinq ans. Quatre autres prévenus poursuivis en première instance, dont la directrice de l'hôpital d'Epinal avaient été relaxés. Ils ne sont pas concernés par ce nouveau procès. Près de 70 parties civiles sont attendues à Paris pour le premier jour du procès. Il sera retransmis en direct dans une salle du tribunal d'Epinal.