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Société

Sites de rencontres: plus pour une nuit que pour la vie

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Les sites et applications n'ont pas détrôné les modes de rencontre traditionnels: un peu moins d’un couple sur dix se noue à travers ce type de service en ligne, selon une étude de l'Ined.

Tinder, Meetic, Happn, Attractive World et autres Grindr... L'usage des sites de rencontres est en hausse, mais relativement peu de couples durables se forment par ce biais: un peu moins d'un sur dix, selon une étude de l'Institut national des études démographiques (Ined) publiée mardi.

L'enquête Etude des parcours individuels et conjugaux (Epic) a été conduite en France en 2013-2014, conjointement par l’Ined et l’Insee, auprès d'un échantillon représentatif de 7.825 personnes âgées de 26 à 65 ans, interrogées sur leurs "relations amoureuses importantes".

16% à 18% d'utilisateurs dans la population adulte

L’Ined, qui pointe le manque de représentativité de beaucoup de sondages conduits par les sites eux-mêmes, surestimant ainsi leur fréquentation, note que l'offre est abondante, avec plusieurs centaines de sites sur le marché.

Et souligne que ces sites ont réussi le pari de devenir populaires: en 2013, en France, 14% des 26-65 ans s’étaient déjà inscrits sur ce type de sites. On passerait même à 16% à 18% d'utilisateurs si l'on élargissait le panel aux 18-65 ans, selon des projections de l'Ined à partir de chiffres émanant d’une autre enquête en 2006, l’échantillon de l’étude de 2013 n’étant constitué que de personnes ayant plus de 26 ans. C'est en tout cas plus que dans d’autres pays, les Etats-Unis par exemple, relève l'institut, où 9% des 18 ans ou plus affirmaient y avoir déjà été inscrits en 2013.

5e position du palmarès des "contextes de rencontre"

Pour autant, à l’exception des couples de même sexe, encore peu de couples durables se forment grâce aux sites ou applications de rencontres. Sur l'ensemble de la population française, parmi les personnes ayant rencontré leur partenaire actuel récemment (entre 2005 et 2013), moins de 9% l’ont connu grâce à ce type de service. 

Un chiffre qui place les sites de rencontres en cinquième position dans le palmarès des "contextes de rencontre", derrière le lieu de travail, les soirées entre amis, les lieux publics et l’espace domestique (chez soi ou chez d’autres).

Les sites "donnent plus souvent lieu à des relations éphémères qu’à des couples stables" et n’ont "pas redessiné la géographie amoureuse de la France", conclut l'Ined.

Les utilisateurs eux-mêmes semblent d'ailleurs conscients de cette donnée: 70% des personnes interrogées estiment qu’il s’agit surtout de rencontres occasionnelles.

Chez les couples homosexuels en revanche, les sites de rencontres sont devenus le principal moyen de rencontrer son conjoint. Parmi les personnes gays ou lesbiennes ayant connu leur partenaire actuel (de même sexe) entre 2005 et 2013, une sur trois l’a fait sur un site.

Les jeunes hommes sont ceux qui les utilisent le plus

L'Ined dresse également le portrait des utilisateurs. Les moins de 30 ans sont les plus nombreux à utiliser ce type de sites: ils sont entre 28% et 40% pour la tranche 18-25 ans (selon des estimations de l'Ined à partir de chiffres émanant d’une autre enquête de 2006), et 29% pour la tranche d’âge 26-30 ans. 

"Il s’agit là d’une génération socialisée tôt aux pratiques numériques et avec un usage extensif d’Internet. Surtout, c’est un groupe d’âges dans lequel on compte de nombreux célibataires", relève l'Ined.

Les hommes sont ceux qui les utilisent le plus, notamment chez les jeunes (35,7% dans la tranche 26-30 ans, contre 22,9% pour les femmes). Mais l’écart se réduit avec l’âge, et la tendance s’inverse au-delà de 55 ans: les utilisatrices sont plus nombreuses dans la tranche 56-60 ans (6,5% contre 6,2% d’utilisateurs) et chez les 61-65 ans (3,6% contre 2,7%), car les femmes sont "plus nombreuses que les hommes à vivre seules à ce moment de la vie, les femmes sont aussi plus enclines à fréquenter les sites dédiés à la (re)mise en couple".

Le public qui les utilise s'est aussi élargi avec la démocratisation d’Internet, note l'Ined. Si en 2006, les cadres étaient deux fois plus nombreux que les ouvriers, l'écart s'est aujourd'hui resserré, même si les classes supérieures sont toujours surreprésentées. Au milieu des années 2000, les utilisateurs étaient également très urbains, notamment parisiens, et la fréquentation s'est depuis davantage diffusée à travers la France. 

Mais "la diversification sociale des usagers n’implique pas forcément leur brassage", analyse l'Ined. "En même temps que les sites de rencontres se sont diffusés, ils se sont davantage spécialisés."

Violette Robinet