"Si je n'avais pas été placée, je serais morte": la médecin Céline Greco alerte sur la situation des enfants placés

En France, 400.000 enfants sont suivis par la protection de l'enfance - ancienne DASS (Directions départementales des affaires sanitaires et sociales). Ce mardi 8 avril, une commission d'enquête parlementaire publie son rapport final, qui alerte sur un système "qui craque de toutes parts" et exhorte les autorités à "agir vite" pour refonder l'Aide sociale à l'enfance (ASE), "au bord du gouffre".
Dimanche, la ministre de la Santé, des Solidarités et des Familles Catherine Vautrin avait présenté ses pistes pour améliorer la protection de l'enfance. Une mission dans laquelle elle est appuyée par Céline Greco, médecin et cheffe de service à l'hôpital Necker à Paris, missionnée par le gouvernement pour piloter les centres régionaux de santé pour les enfants placés.
Elle-même a été une enfant placée et raconte sur BFMTV avoir été "sauvée par une infirmière scolaire". "Si je n'avais pas été placée, je serais morte", résume celle qui a été "victime de violences intrafamiliales dans un milieu favorisé" et a pu bénéficier d'un "signalement qui a permis un placement dans un établissement de l'aide sociale à l'enfance". Forte de son histoire personnelle, Céline Greco s'est fixé une mission: mettre en lumière les "failles du système".
"Perdre 20 ans d'espérance de vie"
Sur BFMTV, la professeure en médecine rappelle que "les enfants victimes de violences et non pris en charge précocement risquent de perdre 20 ans d'espérance de vie."
Les enfants placés ont, en grandissant, plus de risques de développer des maladies cardiovasculaires, des troubles dépressifs et ont, entre autres, "37 fois plus de chances de faire une tentative de suicide".
Des conséquences sur la santé de ces enfants placés, mais aussi sur leur scolarité. Comme le souligne Céline Greco, "moins de 4% des jeunes (placés) arrivent à s'engager dans des études et 45% des jeunes sans abris de 18 à 25 ans sont issus de l'ASE." Et de résumer: "Ces enfants n'ont pas de suivi de leur santé et ça rejaillit sur leur scolarité."
"Un enfant meurt tous les trois jours"
Si Catherine Vautrin a décidé de s'emparer du sujet, pour Céline Greco, il faut agir vite. Elle constate une "très nette dégradation" du système de l'aide sociale à l'enfance. "On manque de politique de prévention, si on faisait du soutien à la parentalité et qu'on réduisait la pauvreté, on aurait probablement moins besoin de placer des enfants", commence-t-elle.
"Commençons par revaloriser le travail social pour avoir des jeunes qui s'engagent avec enthousiasme dans les études pour accompagner ces enfants pour être travailleur social, éducateur spécialisé... Payons les mieux", propose la médecin, qui souligne qu'"on manque terriblement de familles d'accueil" en France.
"On a quand même un enfant qui meurt tous les trois jours sous les coups de ses parents", alerte Céline Greco, comparant le pays avec la Suède où "c'est un enfant par an."