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Aide sociale à l'enfance: la Cour des comptes pointe un accompagnement "disparate" des jeunes majeurs

Des manifestants tiennent des pancartes lors d’un rassemblement d’anciens enfants placés, en hommage aux enfants placés morts alors qu’ils étaient à l’Aide sociale à l’enfance (ASE), sur la place Jacques Bainville près de l’Assemblée nationale à Paris, le 7 mai 2024.

Des manifestants tiennent des pancartes lors d’un rassemblement d’anciens enfants placés, en hommage aux enfants placés morts alors qu’ils étaient à l’Aide sociale à l’enfance (ASE), sur la place Jacques Bainville près de l’Assemblée nationale à Paris, le 7 mai 2024. - Ludovic MARIN / AFP

"Près de la moitié des sans-abri de 18 à 25 ans" sont des anciens de l'aide sociale à l'enfance, souligne l’institution financière, dans un rapport publié mercredi 19 mars.

La prise en charge des jeunes majeurs sortant de l'aide sociale à l'enfance (ASE) reste trop disparate d'un département à l'autre, estime dans un rapport publié mercredi 19 mars la Cour des comptes qui juge "déterminant" d'améliorer l'accompagnement pour prévenir des "situations dramatiques".

Près de 397.000 jeunes, dont 31.900 majeurs, font l'objet d'une mesure de protection dans le cadre de l'aide sociale à l'enfance (ASE) en France, dispositif qui relève des départements depuis les lois de décentralisation de 1982-1983.

"Si les départements tentent d'apporter une réponse aux besoins des jeunes majeurs, les modalités de leur prise en charge divergent selon les territoires", relève la Cour des comptes dans son rapport annuel sur les politiques publiques en faveur des jeunes.

Prévenir les "sorties sèches"

"S'agissant d'une compétence décentralisée, il est légitime que le degré et les modalités d'accompagnement des jeunes issus de l'aide sociale à l'enfance ne soient pas identiques dans tous les départements", soulignent les magistrats financiers. Mais "leur action dans ce domaine doit cependant se construire sur un socle de base ne mettant pas en péril l'égalité des usagers devant le service public."

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La protection des jeunes majeurs de l'ASE a été progressivement élargie ces dernières années afin de prévenir les "sorties sèches", sans perspective d'insertion sociale et professionnelle, à la majorité.

La loi Taquet du 7 février 2022 relative à la protection des enfants a notamment rendu obligatoire la prise en charge jusqu'à 21 ans des jeunes majeurs se trouvant sans ressources et sans soutien familial suffisant.

Mais "la loi de 2022 ne s'est pas traduite par une hausse notable et uniforme de la proportion de jeunes majeurs sortants de l'ASE pris en charge par les départements", écrit la Cour des comptes.

Vulnérabilité et précarité des jeunes majeurs

"Des progrès sont constatés sur le logement ou sur l'assurance maladie, mais non en ce qui concerne l'accès au 'pécule'" - correspondant aux allocations de rentrée scolaire dont les jeunes sont censés disposer à compter de leur majorité.

Or l'urgence est là, avec "près de la moitié des sans-abri de 18 à 25 ans" étant des anciens de l'ASE, alerte la Cour des comptes. "Un meilleur accompagnement de ces jeunes majeurs, encore vulnérables, est donc déterminant pour prévenir cette situation dramatique".

Les magistrats appellent notamment à "renforcer les coopérations avec les missions locales pour garantir l'accès des jeunes majeurs aux dispositifs d'insertion sociale et professionnelle" et préconisent de "définir des objectifs de prise en charge minimale".

I.H avec AFP