Sécurité sociale : d'incroyables gaspillages

Alors que Xavier Bertrand présente ce jeudi le projet de loi de financement de la Sécurité sociale - dont le trou devrait atteindre 18.6 milliards pour pour 2011 -, certains gaspillages laissent perplexes. A Corbeil-Essonnes, RMC a visité un hôpital flambant neuf... mais totalement vide.

Le projet est l'un des plus ambitieux de France en matière de santé. Le nouveau Centre hospitalier Sud francilien (CHSF) est censé fusionner l'offre de soin de deux établissements actuels: l'actuel hôpital de Corbeil et celui d'Evry (Essonne). Réalisé par le groupe Eiffage, l'édifice de 110.000 m2 est aujourd'hui flambant neuf. Couleurs vives, bloc gigantesque de soins ultra-sophistiqués. Il aura coûté 1.8 milliard d'euros.

Sols pas aux normes, portes trop étroites, groupe électrogène en panne...

Le hic ? C'est qu'alors qu'il devait ouvrir ses portes au début de l'année, il reste à cette heure désespérément vide. Et selon les dernières prévisions, il ne devrait pas accueillir le moindre patient avant le début 2012. Motif: lorsque le chantier a été livré, pas moins de 8.000 malfaçons ont été découvertes. Et pas des moindres: des sols pas aux normes dans lesquels les roues des lits de patients s'enfoncent; des portes trop étroites pour laisser passer les personnes handicapées; des trottoirs sans rampes, empêchant les fauteuils roulants de passer; des groupes électrogènes qui ne se mettent pas en route lorsque l'électricité se coupe... La liste est longue.

«Je ne crois pas qu'il y ait de gâchis»

Autant de défauts qu'il faut maintenant reprendre un à un. Coût estimé: 100 millions d'euros. Or pendant ce temps, l'hôpital paie un loyer à Eiffage qui a fait l'avance du coût du projet. Il s'élèvera pour l'année 2011 à 18 millions d'euros. « Je ne crois pas qu'il y ait de gâchis », estime pourtant Jean-Patrick La Jonchère, directeur par intérim du CHSF. « Je crois qu'Eiffage sera fortement pressé pour compenser ce qu'il doit à l'Assurance Maladie. Donc ce loyer que nous payons, pour en sortir, il faudra soit négocier soit aller au contentieux. Car sur de nombreuses parties, Eiffage n'a pas fait sa part ».

La Rédaction et T. Chupin