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Société

Russie: l'opposant Alexeï Navalny en réanimation après un possible empoisonnement

Le leader de l'opposition russe Alexeï Navalny lors d'une interview avec l'AFP dans ses bureaux à Moscou, le 16 janvier 2018

Le leader de l'opposition russe Alexeï Navalny lors d'une interview avec l'AFP dans ses bureaux à Moscou, le 16 janvier 2018 - Mladen ANTONOV © 2019 AFP

Selon sa porte-parole, Alexeï Navalny aurait été empoisonné en buvant un thé à l'aéroport. Principal opposant à Vladimir Poutine, il a déjà été la cible d'attaques physiques par le passé.

Son entourage dénonce un empoisonnement. Le principal opposant russe Alexeï Navalny a été placé ce jeudi en réanimation dans un état grave dans un hôpital en Sibérie après avoir fait un malaise dans un avion.

Selon sa porte-parole, Kira Yarmych, l'avion dans lequel voyageait l'opposant se rendait de Tomsk à Moscou et a dû effectuer un atterrissage d'urgence à Omsk en raison de la dégradation subite de son état de santé.

"Nous pensons qu'Alexeï a été empoisonné avec quelque chose mélangé à son thé. Il n'a rien bu d'autre ce matin", a précisé Kira Yarmysh jeudi sur Twitter. Selon elle, l'avocat semblait "parfaitement bien" dans la matinée à Tomsk: "Il n'a bu que du thé noir à l'aéroport. Tout de suite après le décollage, il a perdu conscience".

Un témoin a posté sur Instagram la photo d'Alexeï Navalny buvant dans un gobelet en carton dans un café d'aéroport, et la chaîne Ren TV a publié une vidéo tournée de l'avion où l'avocat et opposant était transféré sur un brancard vers une ambulance.

Alexeï Navalny placé en coma artificiel

Elle a plus tard précisé sur le réseau social que l'opposant de 44 ans avait été placé en coma artificiel et être toujours dans l'attente des résultats des analyses. Alexeï Navalny se trouve actuellement en réanimation au service de toxicologie de l'hôpital des urgences n°1 d'Omsk. Il est "dans un état grave", a indiqué à l'agence de presse publique TASS le médecin-chef de l'hôpital, Alexandre Mourakhovski.

"Il est rattaché à un appareil de respiration artificiel, son état est stable", a déclaré aux journalistes un autre responsable de l'hôpital, Anatoli Kalinitchenko, selon qui il est trop tôt pour confirmer que l'opposant a été victime d'un empoisonnement.

Ses proches réclament une enquête

La police et des membres du Comité d'enquête, chargé des importantes affaires criminelles, sont arrivés à l'hôpital d'Omsk, a annoncé Kira Yarmysh. Viatcheslav Guimadi, le directeur juridique du Fonds de lutte contre la corruption (FBK) de Navalny, a réclamé l'ouverture d'une enquête pour "tentative d'assassinat sur une figure publique".

"Nous savons qu'il est dans un état grave. Comme à n'importe quel citoyen russe, nous lui souhaitons un prompt rétablissement", a pour sa part déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.

Des précédents d'attaques physiques

Alexeï Navalny et son organisation, le FBK, sont régulièrement la cible de perquisitions et d'amendes tandis que ses partisans sont régulièrement interpellés. Lui-même a régulièrement été condamné à de courtes peines de prison, notamment pour l'organisation de manifestations non autorisées.

Principal opposant du Kremlin, dont les publications dénonçant la corruption des élites russes sont abondamment partagées sur les réseaux sociaux, il a déjà été victime d'attaques physiques par le passé. En 2017, il avait notamment été aspergé de produit antiseptique dans les yeux à la sortie de son bureau à Moscou.

Plusieurs opposants russes empoisonnés

En juillet 2019, tandis qu'il purgeait une courte peine de prison, il avait aussi clamé avoir été "empoisonné" par une "matière chimique inconnue". Les autorités avaient de leur côté parlé d'une "réaction allergique" et assuré n'avoir retrouvé "aucune substance toxique". Faisant le rapprochement avec ce possible empoisonnement, Kira Iarmych a assuré être "sûre que la même chose est arrivée aujourd'hui". "Ce sont des symptômes différents, manifestement un autre produit", a-t-elle précisé.

Plusieurs opposants russes ont été hospitalisées et ont dénoncé des empoisonnements ces dernières années. En septembre 2018, un militant du groupe contestataire Pussy Riot, Piotr Verzilov, avait ainsi du être transféré dans un état grave à Berlin, où il était resté plusieurs jours hospitalisé.

Par MH avec AFP