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"Un problème mondial": Delphine Horvilleur répond aux critiques de l'ambassadeur américain sur l'antisémitisme en France

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Après que l'ambassadeur américain en France a dénoncé un manque d'actions contre l'antisémitisme en France, la rabbin et philosophe Delphine Horvilleur estime que le problème n'est pas franco-français mais mondial, ce qui nécessite donc une entraide entre pays.

Pas seulement un problème français pour Delphine Horvilleur. Depuis deux jours, l'accusation de l'ambassadeur américain en France Charles Kushner, qui dénonce "l'absence d'action suffisante" d'Emmanuel Macron contre l'antisémistisme est sur toutes les lèvres.

Des propos que la rabbin et philosophe Delphine Horvilleur nuance: en son sens, des mesures sont certes à prendre contre l'antisémitisme, mais pas seulement au niveau national.

"Il y a évidemment un problème énorme avec l’antisémitisme en France, mais ce n’est pas seulement vrai en France, c’est le cas dans la planète entière. En faire un problème français, c’est presque contre productif", explique-t-elle sur BFMTV ce lundi 25 août.

Elle rappelle notamment les "problèmes énorme d'antisémitisme" aux États-Unis: une attaque devant le musée juif de Washington a fait deux morts en mai, une autre attaque contre un rassemblement pour la libération des otages israéliens dans le Colorado a fait 12 blessés en juin. Avant l'attaque du 7-Octobre, la fusillade de la synagogue de Pittsburgh en 2018 avait tué 11 personnes.

"L'antisémitisme est un problème mondial", résume la philosophe. Ainsi, si elle se dit "ravie" que Charles Kushner soit mobilisé sur la question, elle appelle l'ambassadeur américain à l'entraide. "Aidons-nous mutuellement."

Une "suspicion de culpabilité permanente"

Car aujourd'hui, Delphine Horvilleur affirme vivre dans un climat d'angoisse. "On entre tous dans cette rentrée, où on devrait être dans un moment apaisé, mais j’ai le sentiment de vivre constamment avec une boule au ventre, une incertitude sur l’avenir pour nos enfants", confie-t-elle à BFMTV.

Selon elle, beaucoup de parents juifs préparent leurs enfants à un climat de tensions à l'école. "Ils leur disent 'fais attention. Sois discret. N’en dis pas trop et cache éventuellement des éléments de ton identité'. C’est impensable de s’imaginer que cette conversation a lieu aujourd’hui."

Delphine Horvilleur évoque plusieurs phénomènes qui mènent à cette montée de la discrimination anti-juive et qui pèse sur la communauté. Elle décrit une "suspicion de culpabilité permanente qui justifie des appels au boycott ou pire, des appels à la violence", mais aussi une "multiplication d'amalgames".

"D’abord entre juifs et Israéliens, mais aussi entre peuple israélien et gouvernement israélien. Le peuple israélien a beau se lever, des centaines de milliers de personnes dans la rue, des contestations intérieures, mais rien n’y fait", explique la philosophe.

La rabbin alerte donc sur cette montée et banalisation de l'antisémitisme, "le marqueur premier d’une déferlante de violences qui va s’abattre". "C'est une constante historique. C’est un prélude de quelque chose de beaucoup plus dramatique qui peut et qui risque tous de nous concerner."

Juliette Moreau Alvarez