Un ex-prêtre pédophile témoigne: "Mes responsables hiérarchiques savaient"

BFMTV a rencontré un prêtre, condamné pour des faits de pédophilie. Il raconte que ses déviances étaient connues de sa hiérarchie mais qu'elle aurait fermé les yeux, allant jusqu'à le placer dans un établissement scolaire.

>> L'intégralité de l'interview est à retrouver, ce samedi, sur 7 Jours BFM à 14h45, 19h45 et 22h18

C'est un témoignage édifiant qu'a recueilli BFMTV, en plein scandale sur les affaires de pédophilie dans le diocèse de Lyon. Pour 7 Jours BFM, Thomas Misrachi a rencontré un prêtre, condamné pour des faits de pédophilie.

Dans cet interview, cet homme, qui a souhaité rester anonyme, raconte que ses déviances étaient connues de sa hiérarchie, mais qu'elle aurait fermé les yeux et tout de même ordonné prêtre.

"Juste avant mon ordination pendant mon année diaconale, le curé dont je dépendais a dit à l’évêque du lieu que des parents s’étaient plaints de mon attitude. Mais c’est dans ce contexte-là que j’ai été ordonné diacre, que j’ai été ordonné prêtre", rapporte-t-il.

"Vos responsables hiérarchiques savaient et vous avez donc été ordonné?", lui fait préciser notre journaliste. "Exactement. Exactement", confirme l'ancien prêtre.

"On n’en parlait pas. C’était un sujet tabou. Si, un des responsables, un prêtre, m’a dit 'Fais attention, c’est pas bien ton attitude là il ne faut pas faire comme ça'. Et c’est tout!", se souvient-il.

"Il s'est passé ce qui devait se passer"

Pire, l'homme d'Eglise explique que sa hiérarchie est allée jusqu’à le remettre en contact avec des enfants.

"Au lendemain de mon ordination, j’ai été envoyé à Rome pendant deux ans. Et c’est ça la chose la plus aberrante. Quand je suis rentré de Rome, j’ai été aumônier de collège et lycée", dit-il. 

"Un pauvre type"

"Et il se passe ce qui devait se passer", poursuit-il. "Au bout de deux ans, il n’y a pas eu de plainte de déposée, mais des parents se sont plaints de mon attitude. Là j’ai été déplacé dans un autre endroit."

A-t-il cédé à ses pulsions? "Oui, oui", atteste-t-il, confiant s'être senti être "un pauvre type" à ce moment là.

L'homme dit aujourd'hui regretter son comportement. 

"Evidemment que j’ai des regrets, pour le mal que j’ai commis. Les blessures que j’ai causées. Aux victimes, bien sûr, mais à ma famille aussi", confesse-t-il. "Bien sûr, je regrette le mal que j’ai fait."

Violette Robinet avec Thomas Misrachi