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Tariq Ramadan: "la candidature de Bouteflika est un déni de démocratie"

Tariq Ramadan était l'invité de BFMTV et RMC, jeudi 17 avril.

Tariq Ramadan était l'invité de BFMTV et RMC, jeudi 17 avril. - -

Élection en Algérie, Rassemblement annuel des musulmans de France: Tariq Ramadan était l'invité de BFMTV et RMC, ce jeudi matin.

A l'occasion de la sortie de son livre, Au péril des idées - Les grandes questions de notre temps, co-signé avec Edgar Morin, Tariq Ramadan, philosophe et islamologue, était l'invité de BFMTV et RMC, ce jeudi matin. Election présidentielle en Algérie, Rassemblement des musulmans de France, ce week-end, famille: Tariq Ramadan réagit à l'actualité. Retrouvez ici l'essentiel de son interview.

#L'actu: la candidature de Bouteflika, un "déni de démocratie"

Alors que les Algériens se rendent aux urnes, ce jeudi, pour élire leur président et qu'Abdelaziz Bouteflika, 77 ans, chef de l'Etat sortant, se présente pour un quatrième mandat, Tariq Ramadan a indiqué regretter cette candidature. A la question de savoir s'il voterait pour lui, Tariq Ramadan a assuré: "Bien sûr que non".

"Le seul fait qu'il soit candidat pour une quatrième fois en ayant changé la Constitution est déjà un déni de démocratie. Le fait qu'il soit, après un AVC, totalement invisible, qu'il soit presque impotent, qu'il ne puisse même pas dire lui-même qu'il se présente, c'est une tristesse pour le peuple algérien", a estimé Tariq Ramadan. "Je suis très étonné du silence des autorités françaises, de la communauté internationale", a-t-il ajouté.

#Le point théorie du genre: retirer les enfants de l'école "ne résout rien"

Vendredi s'ouvrira le rassemblement annuel de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), plus gros rassemblement musulman du monde occidental. La famille et le mariage pour tous devraient notamment être au coeur des discussions. "Du point de vue de la conscience religieuse, le mariage pour tous est quelque chose qui pose un vrai problème de conscience", a indiqué Tariq Ramadan. "La question de l'homosexualité doit être posée dans des termes de philosophie de vie: je pense que c'est quelque chose qui va à l'encontre de ma foi", a-t-il déclaré, avant d'assurer qu'il faut "respecter la loi" qui a été votée.

Concernant les journées de retrait de l'école qui ont suivi les rumeurs sur la théorie du genre, le spécialiste de l'islam s'est dit "absolument contre cette façon de faire". "Ca ne résout rien", a-t-il ajouté. "La question du genre, il faut la poser, elle doit être débattue. (...) Quand il se passe quelque chose à l'école, sur la question des programmes, on en discute. Ce n'est pas en retirant nos enfants de l'école qu'on trouve des solutions".

#La polémique: l'islam en France, "uniquement un sujet de controverse"

Interrogé sur les pratiques religieuses de certains jeunes Français, qui prennent souvent la priorité sur l'éducation (absentéisme au moment des fêtes religieuses, port du voile dans les cours de récréation, refus des sorties piscine), Tariq Ramadan a estimé que "certains vont beaucoup trop loin". "Tout se gère dans le dialogue", a-t-il nuancé. "Les fêtes religieuses se gèrent entre les professeurs et les élèves, cela doit être discuté".

Et de regretter: "les coupables, ce sont ceux qui font de la présence de l'islam en France uniquement un sujet de controverse, jamais un sujet de dialogue serein. On ne peut même pas avoir une discussion sereine sur ces questions, on devient hystérique (...) Il y a une surdité de la République, qui n'écoute pas".

#L'avis: la quenelle, un geste "perverti"

Revenant sur la polémique liée à la quenelle, le fameux geste de Dieudonné, Tariq Ramadan a dit: "je pense qu'au départ, c'est un geste anti-système". "Je pense qu'il a été récupéré par certains de façon totalement biaisée, pervertie, et j'ai critiqué ceci. N'importe quelle quenelle qui se fait devant le mémorial de l'extermination des Juifs est à condamner".

A.S.