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"Séparatisme islamiste": le président du CFCM évoque "une réalité qu'il faut regarder en face"

Mohammed Moussaoui le 22 mars 2019 à Christchurch.

Mohammed Moussaoui le 22 mars 2019 à Christchurch. - KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Réagissant aux annonces faites la veille par le chef de l'État, Mohammed Moussaoui a notamment approuvé l'idée que la France forme ses propres imams.

Dans son combat affiché contre le "séparatisme islamiste", Emmanuel Macron entend pouvoir compter sur le soutien de Mohammed Moussaoui. Invité de BFMTV ce mercredi, au lendemain des annonces faites par le chef de l'État à Mulhouse, le président du Conseil français du culte musulman a plutôt approuvé son discours. Il part selon lui d'une "réalité qu'il faut regarder en face".

S'agissant de l'accueil des "imams détachés", envoyés par d'autre pays, auquel Emmanuel Macron souhaite mettre fin, Mohammed Moussaoui a rappelé la "logique ancienne" qui avait amené à leur présence sur le territoire.

"La première génération de musulmans pouvait comprendre facilement la langue arabe ou la langue turque. Aujourd'hui, force est de constater que la plupart des fidèles de mosquée sont des jeunes (...) qui ne comprennent pas forcément ces langues. Je pense qu'il est temps (...) que des imams étrangers soient remplacés par des imams français formés en France", a-t-il développé.

Affirmant que cette situation - le fait que des imams ne puissent pas "dialoguer" avec les jeunes fidèles - représente 10% des cas (300 imams), le patron du CFCM évoque la tendance de ces jeunes à aller se renseigner davantage sur Internet ou sur les réseaux sociaux.

"Nous devrions former mieux nos cadres religieux"

Mohammed Moussaoui estime également qu'il y a encore beaucoup à faire pour organiser le culte musulman en France.

"C'est important de se restructurer, de se donner tous les moyens pour pouvoir être présent suffisamment sur le terrain. (...) Nous devrions former mieux nos cadres religieux, tenir un discours qui est clair et qui est rassembleur, (...) qui déconstruit la propagande extrémiste qui se propage", a-t-il développé, tout en appelant à ce que les musulmans soient considérés comme des citoyens français "à part entière". 

Lutter contre "tous les séparatismes"

Mohammed Moussaoui se montre toutefois plus réservé à l'égard de ce qu'il qualifie de "néologismes" de type "islamisme", et avec l'expression "séparatisme islamiste" d'Emmanuel Macron. "Le fait d'associer le terme 'islam' (...) avec des concepts connotés négativement, là ça risque effectivement de créer la confusion dans les esprits", estime le patron du CFCM. 

"Je pense que les mots ont un sens. Lorsque vous alignez 'islamisme' avec 'judaïsme' et 'christianisme', (...) je pense qu'il y a un problème. (...) Il faut parler aussi de séparatisme de ceux qui dévoient aujourd'hui les valeurs de la République, notamment la laïcité, ou qui dénaturent l'identité française, (...) ceux qui veulent faire que (sic) les musulmans ne sont pas comme les autres", a poursuivi Mohammed Moussaoui.

Le président du CFCM pointe du doigt ceux qui estiment, d'après lui, que des personnalités considérées comme de confession musulmane, citant Rachida Dati ou Samia Ghali, ne devraient pas pouvoir être élues à la tête d'une ville. 

"Celui (...) qui s'appuie sur une lecture sectaire de la religion musulmane crée un fossé entre les musulmans et les met dans une vie qui n'est pas la leur. En même temps il y a (...) des groupuscules, des intellectuels qui essaient aussi de créer ce fossé entre les musulmans et le reste de la société."
Jules Pecnard