Réseaux sociaux, quête de communauté... Pourquoi le nombre de baptêmes d'adultes explose en France

Une nouvelle croix chrétienne à Mulhouse, photographiée le 9 mai 2015. - SEBASTIEN BOZON / AFP
La tendance se confirme de mois en mois: de plus en plus d'adultes se font baptiser. Cette année, 10.384 adultes se feront baptiser lors de la nuit de Pâques, une augmentation de 45% par rapport à 2024, et plus de 7.400 adolescents, soit 33% de plus, souligne un rapport de la Conférence des évêques (CEF) publié jeudi 10 avril.
"Il y a vingt ans, on avait des groupes de cinq ou six personnes, dix ans après on est passé à quinze et aujourd'hui on a des groupes de 32 personnes", énumère sur BFMTV Fabrice Fontaine, correspondant du diocèse à Chelles, en Seine-et-Marne.
Mais comment expliquer un tel regain de popularité de l'Église catholique, pourtant empêtrée dans les scandales de violences sexuelles?
"Joie de vivre"
"Quand je rentre dans une église, ça me donne de la joie de vive. Il n'y a plus toutes les disputes qu'il y a à l'extérieur, au travail, à la maison... Il n'y a pas de cris, pas de pleurs", explique à BFMTV Amanda, 20 ans, qui va se faire baptiser le week-end de Pâques.
Adultes, enfants et adolescents... Ils sont toujours de plus en plus nombreux à se tourner vers la religion et demander le baptême, une tendance à contre-courant du déclin de l'Église ces dernières décennies.
"Tous semblent à la recherche de communauté et de sens. "On baptise moins enfant, donc les personnes se posent la question de la foi en étant plus âgés", explique Catherine Chevalier, responsable "Annonce et accompagnement de la vie chrétienne".
Selon elle, il existe pour expliquer l'explosion du nombre de baptême chez les jeunes adultes "une manière beaucoup plus décomplexée d'aborder les questions de religion, de foi, d'en parler entre eux ou sur les réseaux sociaux, qui est leur mode de communication actuel."
"Ils assument"
Cet afflux est surtout le fait des 15-25 ans, une génération "vraiment en mouvement", selon Catherine Lemoine, déléguée pour l'accompagnement des adolescents à la CEF. "Ils s'assument, sont beaucoup plus à l'aise pour parler de leur foi. Les réseaux sociaux aussi poussent à cela, et ils sont acteurs de leur foi, ils vont d'eux-mêmes à la messe", ajoute-t-elle.
L'évêque de Pontoise, Benoît Bertrand, affirme à l'AFP qu'"il y a bien sûr TikTok, avec le monde des influenceurs catholiques". Mais aussi "des contextes familiaux parfois difficiles", l'environnement international qui pousse "à la quête de sens, avec des questions existentielles parfois très profondes, sur la souffrance, la vie, l'amour, la mort...".
À 24 ans, Eve sera baptisée à Notre-Dame de Paris, le 19 avril. Née d'un père musulman et d'une mère chrétienne peu pratiquante, elle a "juste ressenti à un moment donné la nécessité" du baptême, pour "faire pleinement partie de la communauté" et "pouvoir vivre (sa) foi plus librement".
Cela lui apporte "du sens" et "une forme de responsabilité": "je me demande constamment, est-ce que ces choses sont bien? Comment est-ce que je pourrais être une meilleure personne ?", explique-t-elle à l'AFP.
Cet intérêt de la jeunesse avait déjà été perceptible lors du mercredi des Cendres "où les paroisses ont vu arriver des jeunes inconnus des curés", explique Catherine Chevalier, responsable de l'accompagnement de la vie chrétienne à la CEF. Un autre signe est attendu lors du "Frat", pèlerinage annuel des jeunes d'Ile-de-France, qui devrait rassembler un nombre record de 13.500 lycéens à Lourdes du 12 au 17 avril.