Lourdes: des mosaïques d'un prêtre accusé d'agressions sexuelles partiellement masquées

Les mosaïques réalisées par le prêtre slovène Marko Rupnik, à Lourdes, le 31 mars 2023 - Charly TRIBALLEAU / AFP
Le sanctuaire de Lourdes a commencé lundi 31 mars à masquer certaines mosaïques du prêtre slovène Marko Rupnik, accusé d'agressions sexuelles, alors que les évêques y sont réunis pour un colloque sur les violences sexuelles dans l'Église, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Deux portes latérales de la basilique du Rosaire ont ainsi été recouvertes de panneaux et "les deux grandes portes centrales le seront d'ici quelques jours, avant le début de la saison des pèlerinages à Lourdes", a déclaré dans un communiqué l'évêque de Tarbes-Lourdes, Mgr Jean-Marc Micas.
"Pas symbolique"
Le père Marko Rupnik, théologien et mosaïste de renommée mondiale - on compte plus de 200 mosaïques partout dans le monde, est accusé d'avoir exercé des violences psychologiques et sexuelles sur au moins une vingtaine de femmes pendant près de 30 ans, notamment au sein de la communauté qu'il dirigeait à Ljubljana, aujourd'hui dissoute.
Ordonné prêtre en 1985, il a notamment rénové la chapelle privée du pape au Vatican, sur demande de Jean-Paul II. Les signalements de comportements abusifs de Marko Rupnik courent de 1980 à 2018, date de la première enquête canonique après le signalement d'une victime.
L'Ordre des Jésuites, dont est aussi issu le pape François, a exclu Marko Rupnik en juin 2023. En juillet déjà, l'évêque de Tarbes-Lourdes avait annoncé "un premier pas", la fin de l'éclairage de ces mosaïques lors des processions rassemblant les pèlerins chaque soir, pour cesser leur "mise en valeur".
"Il m'a semblé (...) qu'un nouveau pas symbolique devait être fait pour que l'entrée dans la basilique soit facilitée pour toutes les personnes qui aujourd'hui ne peuvent en franchir le seuil", a-t-il ajouté lundi.
Séminaire de réflexion sur les violences sexuelles
Cette deuxième étape intervient alors que la Conférence des évêques de France organise, lundi et mardi à Lourdes, un grand séminaire de réflexion sur la lutte contre les violences sexuelles, auquel de nombreuses victimes sont invitées.
Cinq femmes, accusant cet influent prêtre et artiste slovène d'agressions sexuelles au début des années 1990, ont demandé fin juin à l'Église catholique le retrait de ses oeuvres exposées dans des lieux de culte, à Lourdes, mais aussi à Fatima, autre grand lieu de pèlerinage au Portugal, à Damas, à Washington et au Vatican.
L'importance du sanctuaire de Lourdes, qui a accueilli 3,2 millions de visiteurs en 2024, donne un poids particulier aux décisions concernant ces mosaïques.