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Abbé Pierre: "il est probable qu'il y ait d'autres victimes", selon le délégué de sa fondation

L'abbé Pierre, le 16 septembre 2002 à Saint-Omer, dans le Pas-de-Calais

L'abbé Pierre, le 16 septembre 2002 à Saint-Omer, dans le Pas-de-Calais - PHILIPPE HUGUEN

Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, s'est exprimé dans La Tribune dimanche après la publication d'un rapport dans lequel sept femmes accusent l'Abbé Pierre d'agressions sexuelles.

Le délégué général de la Fondation Abbé Pierre s’attend à recevoir de nouveaux témoignages après la publication d’un rapport dans lequel sept femmes accusent l’homme de foi, mort en 2007, d’agressions sexuelles.

"Selon le cabinet Egaé, que nous avons engagé, la grande amplitude des sept témoignages laisse présager que d’autres pourraient nous parvenir", estime Christophe Robert à nos confrères de La Tribune dimanche.

Mercredi 17 juillet, Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre ont rendu public un rapport de huit pages dans lequel sept femmes accusent le fondateur de l’organisation et acteur majeur contre le mal-logement de gestes déplacés entre 1970 et 2005. Trois jours plus tard, le samedi 20 juillet, une huitième femme a rapporté avoir été agressée en 2006 par l’Abbé Pierre, alors âgé de 93 ans et hospitalisé dans un hôpital militaire francilien.

Une ligne d'écoute ouverte

"Quand il y a répétition des faits, et c’est le cas, il est probable qu’il y ait d’autres victimes", insiste Christophe Robert en citant le témoignage de cette huitième femme.

"C’est pour continuer ce travail d’écoute que nous avons ouvert une ligne téléphonique et une boîte mail gérés par Egaé (Ndlr; un cabinet indépendant qui lutte contre les violences sexuelles et sexistes qui a réalisé le rapport à la demande d’Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre)."

À ce jour, le délégué général de la fondation affirme n’avoir pas "encore de nouveaux retours". Interrogé sur un potentiel changement du nom de la Fondation, Christophe Robert indique que ce sujet, s’il existe, n’est pas la priorité.

"Nous vivons un tsunami"

"Nous vivons un tsunami. Il y a plusieurs vagues. La première vague est consacrée à l’attention que nous portons aux victimes", détaille-t-il à La Tribune dimanche. "On ne sait pas ce qui va se passer ensuite, mais le moment viendra où la question de l’héritage sera posée."

La publication du rapport a eu l’effet d’une déflagration, mais il est encore trop tôt pour en évaluer ses conséquences sur les dons. "Aujourd’hui, il est impossible de connaître l’impact qu’auront ces révélations sur le comportement des donateurs", note Christophe Robert qui précise que les dons constituent 97% des ressources de la Fondation. Il ajoute avoir reçu "des messages de soutien incroyables" mais aussi des messages qui minimisent les faits reprochés à l’homme de foi.

"Les faits reprochés sont extrêmement graves, c’est de la violence sexuelle, ça tombe sous le coup de la loi", rappelle Christophe Robert. "L’Abbé Pierre n’est plus, il n’y aura pas de contradictoire, mais ça tombe sous le coup de la loi, donc il n’y a pas de question." Et de réaffirmer l’engagement de la Fondation, celle de lutter "contre toutes les formes de violences et toutes les exclusions."

"Ceux qui minimisent se trompent", appuie le délégué général. "Aujourd’hui, nous sommes en colère, mais solides comme le roc."

Charlotte Lesage