"Qui vous dit que ça ne coûtera pas deux milliards?": polémique autour de la décision de clôturer la collecte de fonds pour Notre-Dame

"Nous avons fait le plein." La Fondation du patrimoine a reçu 218 millions d’euros de la part de 224.000 donateurs pour la restauration de Notre-Dame. Une somme suffisante, a estimé vendredi dernier sur France Info le président de la fondation, Guillaume Poitrinal, qui a décidé de clore la collecte mardi.
"L'essentiel des dons ont été faits la première semaine, désormais c'est un peu limité", justifie ce mercredi sur notre antenne Célia Vérot, directrice générale de la Fondation du patrimoine. Et d'ajouter:
"Pour nous, l'important c'est de savoir qu'on a fait notre travail et on sait que l'Etat pourra faire les travaux dans de bonnes conditions, il aura des ressources suffisantes", ajoute-t-elle.
Clôture "prématurée"
Alors que les voûtes sont toujours en cours de consolidation un mois jour pour jour après l’incendie de Notre-Dame, certains jugent la clôture de cette collecte de fonds prématurée. Samedi, Monseigneur Aupetit, l’archevêque de Paris, a réagi sur Twitter à cette annnonce:
"Les expertises sont loin d’être terminées. Les besoins doivent être encore chiffrés et notamment ceux liés à l’accueil des fidèles, pèlerins… La Fondation Notre-Dame et le diocèse de Paris continuent de recueillir vos dons, quel qu’en soit le montant. Avec ma gratitude."
Rien n’est encore joué donc pour l’archevêque qui reste favorable à l’apport de dons supplémentaires. Lundi, le ministre de la Culture a abondé dans le sens de Monseigneur Aupetit, estimant qu’il est "prématuré de considérer que ‘nous aurions trop de fonds collectés, plus qu’il n’en faut pour restaurer la cathédrale’". Franck Riester a d'ailleurs rappelé que "la souscription nationale" poursuivait sa collecte avec trois autres institutions: la Fondation de France, le Centre des Monuments nationaux et la Fondation Notre-Dame.
Le ministre de la Culture a également insisté sur le fait que "la phase de diagnostic n’a pas encore débuté". Impossible donc de connaître le coût total des travaux qui n’a d’ailleurs pas encore été chiffré.
"Nous ne savons pas combien vont coûter ces travaux. Qui vous dit que ça ne coûtera pas deux milliards?" s'interroge ce mercredi sur BFMTV André Finot, responsable de la communication de Notre-Dame, qui se dit surpris que la fondation ait mis fin à la collecte.
"On s'attendait à un soutien un peu plus long", continue-t-il. André Finot rappelle qu'à côté des travaux "il faut également tenir compte de l’entretien permanent qu’il devra ensuite être financé. Jusqu’ici, l’Etat versait un million d’euros chaque année pour l’entretien courant de la cathédrale", poursuit-il.
880 millions d’euros de promesses de dons
Autre inconnue: le montant réel qui sera finalement versé aux fondations. Car pour l’instant, beaucoup de dons sont encore à l’état de promesse et "aucune des fondations ne peut affirmer formellement que toutes les promesses vont se réaliser", explique sur notre antenne Christophe Rousselot, délégué général de la Fondation Notre-Dame.
"Les plus grandes marques vont évidemment honorer leur engagement mais tant que l’argent n’est pas encaissé effectivement par une fondation, nul ne peut donner le montant total", enchaîne-t-il.
"On n'a pas d'inquiétude autour de ces promesses puisque l'argent des particuliers a été versé et les grandes entreprises ont annoncé des dons qui vont être versés progressivement sur la base de convention qu'on est en train de conclure", assure Célia Vérot.
Actuellement, plus de 880 millions d’euros de promesses de dons ont été enregistrées au total, dont 600 millions de la part des grandes entreprises. 38 millions ont déjà été collectés.