Prix de l'essence: le recours aux réserves stratégiques, efficace ?

Pour enrayer la hausse des prix à la pompe, le gouvernement français veut puiser dans les réserves stratégiques de pétrole du pays. Une mesure jugée peu efficace et limitée dans le temps par des experts interrogés par RMC.

Le gouvernement français réfléchit aux moyens de faire baisser les prix du carburant, qui atteignent des sommets (1,65 en moyenne le litre de sans-plomb, et 1,45 le litre de gazole). Les ministres de l’Industrie et du Budget, Eric Besson et Valérie Pécresse, ont annoncé mercredi que la France travaillait à la possibilité de puiser dans ses réserves stratégiques de pétrole. Des stocks qui représentent 98 jours de consommation. La France a fait une demande auprès de l'Agence Internationale de l'Energie, qui doit donner son accord. Mais cette mesure est jugée peu efficace par les experts interrogés par RMC. Tant sur la durée que sur les prix.

« Une baisse des prix pendant 2 ou 3 semaines, pas plus »

Pour Jacques Percebois, professeur à l'université de Montpellier et directeur du Centre de Recherche en Economie et Droit de l'Energie, « cette mesure ne sera pas d'une grande efficacité mais c'est un signal envoyé aux marchés pour leur expliquer que l'on est prêt à utiliser tous les moyens pour enrayer la spéculation. On peut s'attendre à une stabilisation des prix voire à une petite baisse. Ça peut jouer pendant quelques jours. Mais les tendances lourdes ne dépendent pas du gouvernement français. Il suffit que demain il y ait une tension avec l'Iran pour que les prix repartent à la hausse ».
« Cette seule mesure va peut-être permettre de ralentir les prix pendant 2 ou 3 semaines, mais en aucun cas ça ne stoppera l'envolée des prix dans la durée » estime également Thierry Saniez, délégué général de l'association de consommateurs CLCV (Consommation, logement et cadre de vie). « Mais cela veut tout de même dire qu'enfin on prend conscience que le carburant est une dépense contrainte pour des millions de Français pour aller travailler ».

Un sujet majeur de la présidentielle, pour un électeur sur deux

Pour Pierre Terzian, directeur de la revue Pétrostratégies, « si elle est appliquée, cette mesure aura des effets très limités sur les prix et sur la durée. Mais ce n'est pas un hasard si les deux pays qui proposent de puiser dans les réserves stratégiques, les Etats-Unis et la France, sont tous les deux en campagne électorale. C'est de bonne guerre de montrer que l'on fait ce qu'il faut pour que les prix baissent ».
Le sujet est en effet primordial pour Nicolas Sarkozy et les autres candidats à l’Elysée. Selon un sondage Toluna publié ce jeudi par le magazine LSA, près d’un Français sur deux (49,8%) déclare que son vote peut être influencé par les propositions des candidats pour faire baisser le prix des carburants.

La Rédaction avec Yann Abback