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Société

Pouvoir d'achat : 8 Français sur 10 craignent une nouvelle baisse en 2013

Beaucoup de Français rognent sur les loisirs, l'habillement, la santé, voire même sur l'alimentation.

Beaucoup de Français rognent sur les loisirs, l'habillement, la santé, voire même sur l'alimentation. - -

Budgets serrés, peur du chômage et confiance en berne : 8 Français sur 10, estimant que leur pouvoir d'achat va continuer de baisser en 2013, déclarent avoir modifié leurs habitudes de consommation, selon un sondage paru lundi. Loisirs, habillement, santé, et même alimentation, inquiets, certains témoignent sur leurs dépenses rognées.

L'Insee rend public ce mardi son étude annuelle sur le revenu et le patrimoine des Français. Alors que le pouvoir d'achat a baissé pour la première fois en 30 ans l'an dernier, près de 8 Français sur 10 estiment que la situation risque d'empirer en 2013 et se préparent à de nouveaux arbitrages. Selon un sondage 60 millions de consommateurs/Mediaprism, 79% des Français estiment que leur pouvoir d'achat a baissé en 2012 et 77% s'attendent à ce que celui-ci diminue encore en 2013. En cause : l'augmentation des impôts et taxes, citée par 71,6%, mais également la hausse de prix de plusieurs dépenses contraintes comme l'énergie et les produits de grande consommation.

« Des dépenses supprimées »

Résultat : près d'un quart des Français déclare avoir désormais « de plus en plus de mal à joindre les deux bouts en fin de mois » (48,4% chez les personnes gagnant moins de 1 500 euros), et plus de 4 sur 10 annoncent « avoir supprimé certaines dépenses et se priver plus qu'avant ». Près de 8 Français sur 10 (76,4%) déclarent avoir modifié leurs habitudes de consommation. La comparaison des prix des produits ou la recherche effrénée de promotions sont ainsi devenues courantes.

« Fini les produits de marque, je cherche les promos »

En temps de vache maigre, les Français s'adaptent, comme dans ce supermarché parisien. Ce pouvoir d'achat en berne, Yoan le ressent au quotidien. Il est pourtant ingénieur dans les télécoms, à 2 000 euros net par mois : « J’essaie de me fixer un budget hebdomadaire que je ne dépasse pas. Je ne pars pas en vacances tous les étés, donc je prévois maintenant, non plus pour l’été qui arrive, mais pour le suivant ». Avec la crise, fini les achats coups de tête, témoigne Marine : « Pour les achats électroniques, c’est vrai qu’on ne craque pas sur ce genre de produits quand on fait les courses. On retourne à la maison, on y réfléchit et on reviendra si on peut ».
Et comme eux, beaucoup de Français rognent sur les loisirs, l'habillement, la santé, voire même sur l'alimentation, comme Guénola : « Dans ce supermarché, j’essaie de voir les promos, tout ce qui est produits de marque, j’arrête : par exemple, pour les pâtes, je prends des Casino, pas des Lustucru ou Barilla ; je regarde toujours le prix au kilo ».
Des sacrifices qui risquent de durer. Les économistes sont unanimes : sans croissance, aucune reprise du pouvoir d'achat n'est à espérer.

« Les gens ont de plus en plus peur du chômage »

Pascale Hébel, directrice du département consommation du CREDOC (centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), explique l'état d'esprit des consommateurs français : « On a vraiment une anticipation de l’avenir qui est très pessimiste. Les gens ont de plus en plus peur du chômage, il y a vraiment une angoisse qui est très nouvelle, les gens sentent bien qu’il va y avoir des hausses d’impôts, des prestations qui pourraient diminuer. Donc il y a vraiment une grosse partie de la population qui ne peut plus consommer, et d’autres qui ne prennent pas de risques et reportent tous les achats importants. Et finalement, on ne va que vers ce qui est essentiel, et on a une consommation qu’on peut appeler frugale ».

J.V. avec Victor Joanin