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Pourquoi la Journée des droits des femmes n'est pas la Journée des femmes

Une manifestation à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars 2017 à Paris

Une manifestation à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars 2017 à Paris - Gabriel Bouys-AFP

Ce jeudi se tient la Journée internationale des droits des femmes. Pourtant, certains continuent de la présenter comme la Journée de la femme. Une appellation qui peut poser problème.

Le 8 mars n'est ni la Fête de la femme, ni la Journée de la femme et encore moins la Journée des femmes mais la Journée internationale pour les droits des femmes.

Si l'ONU la présente comme la Journée internationale des femmes, célébrée officiellement dans le monde depuis 1975, en France depuis 1982 il s'agit de la Journée internationale des droits des femmes, comme le rappelle le secrétariat d'État en charge de l'Égalité entre les femmes et les hommes.

"La dénomination Journée de la femme dépolitise"

Pour Fatima Benomar, cofondatrice et co-porte-parole de l'association Les Effrontées, cette appellation est loin d'être anecdotique. "Utiliser la dénomination Journée de la femme dépolitise la question de la place des femmes dans la société", s'indigne-t-elle pour BFMTV.

"C'est une journée pour évoquer les luttes collectives de femmes qui ne vivent toutes dans les mêmes conditions mais sont victimes de violences et de discriminations au quotidien."

Céline Malaisé, conseillère régionale d'Île-de-France et présidente du groupe des élus Front de gauche au conseil régional, est du même avis.

"Les mots véhiculent quelque chose et ont du sens, explique-t-elle pour BFMTV. La Journée de la femme enlève tout sens revendicatif. J'entends même encore parfois la Fête de la femme. Certes, ce n'est qu'une journée et cela ne suffit pas, mais cela permet pendant un moment de remettre au cœur du débat politique l'égalité entre les femmes et les hommes. Surtout aujourd'hui avec la libération de la parole des femmes, il est important de redonner du sens à cette journée, comme celle du 25 novembre, Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes."

Céline Malaisé a rappelé sur son compte Twitter l'origine et l'histoire de cette journée. 

"Ce n'est pas une journée pour célébrer la féminité"

La première Journée internationale des femmes a été célébrée le 19 mars 1911 en Allemagne, en Autriche, au Danemark et en Suisse. Le million de femmes et d'hommes qui ont assisté à ces rassemblements réclamaient alors le droit de voter et d'exercer une fonction publique, le droit au travail, à la formation professionnelle, ainsi que l'arrêt des discriminations sur le lieu de travail.

Quant au pluriel, il a toute son importance. "La Journée de la femme réduit les femmes à une uniformité, à des clichés et préjugés d'une femme objet. Cela limite cette journée à une sorte de Saint-Valentin, de fête des mères bis", regrette la conseillère régionale. Pour Fatima Benomar, le pluriel permet de prendre en compte la diversité des femmes.

"Le 8 mars, ce n'est pas la célébration de la femme comme d'un idéal unique. Le concept de la femme, ça n'existe pas. Et ce n'est pas non plus une journée pour célébrer la féminité."

Il offre une rose, "symbole de l'élégance", à ses salariées

Toutes deux dénoncent les travers commerciaux et la récupération de cette journée trop souvent présentée comme la Journée de la femme. Comme des tee-shirts roses pour les supportrices du match de D1 féminine entre l'En Avant de Guingamp et Montpellier, ou des distributions de roses.

Sur les réseaux sociaux, les choses ne sont pas encore tout à fait claires.

Pourtant, certains et certaines le martèlent: le 8 mars n'est pas la Journée de la femme mais la Journée des droits des femmes.

Le Haut Conseil à l'égalité (HCE) a lui aussi rappelé l'importance de cette journée de "lutte pour les droits des femmes".

Et conseille d'éviter d'organiser "un concours de beauté" ou d'offrir "une rose ou une plante verte" à ses collègues féminines. Des recommandations qui sont parfois restées lettre morte.

Le président d'une agence immobilière de Haute-Saône a offert une rose, "symbole de l'élégance et de la féminité", à chacune de ses 70 salariées, rapporte La Presse de Vesoul. Il n'est pas le seul. Une banque du Sud-Ouest a elle aussi décidé d'offrir une rose "à chaque femme qui entre dans son agence" à l'occasion de la "Journée de la femme". Un atelier lillois a quant à lui opté pour le petit rosier en pot pour chacune de ses collaboratrices.

Céline Hussonnois-Alaya