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Polémique au PS après l'expulsion d'une famille kosovare

Le collège André Malraux à Pontarlier, où était scolarisée Léonarda.

Le collège André Malraux à Pontarlier, où était scolarisée Léonarda. - -

Après l'expulsion, le 9 octobre, de la jeune Léonarda, collégienne kosovare de 15 ans dans le Doubs, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls se retrouve sous le feu des critiques de la gauche.

Interpellée en pleine sortie scolaire. Le mercredi 9 octobre au matin, Leonarda, une Kosovare de 15 ans vivant à Levier, dans le Doubs, vient de partir en car pour une excursion avec sa classe de 3e. Mais le bus ne va parcourir que quelques kilomètres avant que la police aux frontières et la gendarmerie rejoignent le véhicule pour récupérer l’adolescente devant tous ses camarades.

Leonarda faisait l'objet, avec ses parents et ses cinq frères et soeurs, d'une obligation de quitter le territoire après que la famille eut été déboutée de ses demandes d'asile. Quatre heures plus tard, la famille est expulsée vers le Kosovo. Le père, expulsé la veille, est déjà sur place.

Le PS scandalisé

La méthode choque, scandalise, jusqu’à la tête du Parti socialiste, qui demande des comptes au ministre de l’Intérieur. "Je suis scandalisé. Je ne comprends pas que la France, la République française en soit réduite à expulser une gamine de 15 ans", déplore Pouria Amirshahi, député PS de la 9ème circonscription des Français de l'étranger, au micro de BFMTV. "Cela fait quatre ans qu'elle est scolarisée en France, qu'elle réussit bien ses études. Je n'en peux plus de cette mise en cause de l'étranger parce qu'il n'aurait pas répondu à tel ou tel critère de telle circulaire", ajoute-t-il.

"Je ne peux pas rester à la direction d'un parti qui cautionnerait de tels agissements", juge, de son côté, Stéphane Delpeyrat, secrétaire national à la recherche du Parti socialiste. "C'est contraire à tous les principes, toutes les valeurs de la gauche, et même aux principes républicains".

"Cela me rappelle l'expression du Général de Gaulle, qui avait dit 'les Etats sont des monstres froids'", analyse, pour sa part, Gérard Bapt, député PS de la Haute-Garonne.

"Toutes les voies de justice explorées"

Le Parti de gauche, évoque, lui, une "politique inhumaine" ainsi qu'une "lepenisation des esprits" place Beauvau.

Dans la soirée de mardi, Manuel Valls s'est défendu en affirmant appliquer "avec fermeté les décisions d'éloignement tout en veillant scrupuleusement au respect des droits des étrangers qui font l'objet d'une mesure d'éloignement".

Pour le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet, invité à réagir sur BFMTV, l'expulsion de Leonarda est "justifiée car toutes les voies de justice avaient été explorées". "La loi doit s'appliquer à partir du moment où toutes les voies ont été explorées. Malheureusement, toutes les demandes d'asile avaient été rejetées et cette famille était dans l'obligation de quitter le territoire français", a-t-il précisé.

"On n'est pas venu 'cueillir' cet enfant", a notamment insisté Pierre-Henry Brandet. "Un certain nombre de précautions ont été prises, en accord avec l'enseignante en charge de cette sortie scolaire, avec un membre du comité de soutien, avec la jeune fille elle-même, qui a été appelée sur son téléphone portable. On lui a demandé de descendre du bus et les policiers l'ont prise en charge à partir du moment où elle est descendue".

Et d'ajouter: "Il n'y a pas d'excès de zèle. Il y a des applications de la loi qui sont difficiles à mettre en oeuvre. [...] Il n'y a pas de bonne solution dans ces conditions".

A.S. avec Igor Sahiri et Antoine Pollez