Paris: des rochers pour empêcher les campements aux abords du centre pour migrants

Selon la maire de Paris, ces blocs de pierre ont été déplacés en vue des travaux du tramway. - Collectif P'tit Dej à Flandres
Des gros blocs de pierre ont été installés sous le pont de la porte de la Chapelle, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Depuis vendredi et à deux pas du centre d'hébergement pour migrants qui a ouvert ses portes en novembre dernier. La semaine passée, encore, à cet endroit, des réfugiés attendaient d'être pris en charge. Les associations dénoncent cette initiative de la mairie de Paris.
Loin de faire partie du paysage urbain, pour les associations qui viennent en aide aux migrants, ces rochers ont un seul but: empêcher les familles de s'abriter sous le pont. "Beaucoup de gens ne peuvent pas entrer immédiatement dans le centre et doivent attendre, explique une bénévole du collectif citoyen Solidarité migrants Wilson. Ils dorment donc dans la rue et les places sous le pont, à l'abri de la pluie, étaient chères."
Des travaux engagés
La présence de ces gros blocs de pierre aux abords du centre d'hébergement pour les migrants n'a rien de nouveau assure de son côté la maire de Paris. "Ces rochers sont installés depuis octobre, nous les avons déplacés la semaine dernière sous le pont lors d'une opération de mise à l'abri de 143 personnes", argumente la mairie de Paris. "C'est impensable pour nous de laisser un campement s'installer alors que des engins de chantier vont passer", expliquent les services de Anne Hidalgo.
Selon les autorités, cette installation a simplement une visée sécuritaire alors que les travaux de prolongement de la ligne T3 du tramway vont s'étendre dans les prochaines semaines. "Le pont sous lequel les pierres se trouvent va être détruit puis reconstruit", détaille la maire de Paris, qui indique que des barrières à proximité du centre qui a accueilli en trois mois près de 5.300 personnes, vont venir accompagner cette signalisation.
Intervention policière
Lors de l'ouverture du centre d'hébergement et d'aide pour les migrants, les autorités avaient tablé sur la nécessité d'accueillir une cinquantaine de réfugiés par jour. Dans la réalité, ce besoin se chiffre plus à 70-80. Avant d'obtenir un rendez-vous en vue de les aider dans leurs démarches administratives, ces hommes et ces femmes doivent attendre deux à trois jours. "Ils attendent alors à proximité", explique la bénévole du collectif de citoyens qui offre des petits déjeuner chaque matin.
Depuis quelques jours, les membres des associations qui réalisent des maraudes porte de la Chapelle se retrouvent face à des personnes fragilisées, en manque de sommeil. En moyenne, chaque soir, ils étaient 300. Mais les militants se plaignent d'une intervention policière quotidienne.
"Nous sommes virés par les policiers, rapporte la bénévole. Ils sont mal à l'aise mais ils dispersent les groupes de migrants, ce qui les fragilisent encore plus. On a la sensation pesante qu'on ne veut pas qu'ils soient visibles." Contactée, la préfecture de police de Paris n'a pas commenté ces accusations.