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Société

Pagaille RER : un conducteur hospitalisé,50 000 voyageurs touchés

Le trafic dans le nord de l'Île-de-France a été très perturbé mercredi soir à cause de voyageurs descendus sur les voies.

Le trafic dans le nord de l'Île-de-France a été très perturbé mercredi soir à cause de voyageurs descendus sur les voies. - -

Deux conducteurs de la SNCF, dont un a été hospitalisé, ont été agressés mercredi soir par des voyageurs pris dans les grosses perturbations du trafic ferroviaire au nord de Paris, qui ont immobilisé près de 50 000 personnes, essentiellement dans le RER.

Après les perturbations qui ont touché 50 000 personnes mercredi soir dans le RER au nord de Paris et au cours desquelles deux agents de la SNCF ont été agressés, le ministre des transports Frédéric Cuvillier, qui a révélé jeudi ces informations, a tenu à « exprimer sa solidarité à la fois aux agents de conduite et aux passagers ayant vécu ces heures difficiles », dans un communiqué.

« Des personnes disséminées sur les voies »

Le ministre a demandé au président de la SNCF Guillaume Pépy de lui adresser rapidement un rapport détaillé, tout en mettant en cause « la présence de personnes disséminées sur les voies ». « Ces initiatives isolées qui se sont produites en cascade ont entraîné de lourdes conséquences pour tous, bien au-delà de la panne initiale », a-t-il déclaré. Le trafic des trains de banlieues, des grandes lignes, y compris internationales, au départ de la gare du Nord à Paris a été fortement perturbé. Contactée par l'AFP, la SNCF n'a pas souhaité donner plus de précisions. Elle avait imputé mercredi soir « la paralysie » du réseau à une « succession d'incidents qui ont fait boule de neige ». Ces accrocs ont commencé vers 17H45 avec un problème d'alimentation électrique en Seine-et-Marne, puis ont été aggravés par la descente intempestive sur les voies de voyageurs impatients.

« Un réseau à bout de souffle » ?

Mis en cause, les usagers estiment que les perturbations sont « la démonstration spectaculaire d'un réseau à bout de souffle ». « La SNCF a une communication qui consiste à mettre l'accent sur le fait que les usagers sont descendus sur les voies, mais il faut s'intéresser au problème de départ : un défaut de maintenance inhérent à la SNCF », a dit à l'AFP le porte-parole de l'association des voyageurs-usagers du chemin de fer (Avuc), Willy Colin.
Tel est aussi l'avis du député UMP Pierre Morange, rapporteur d'une commission d'enquête sur les dysfonctionnements du RER en Ile-de-France: « Ces incidents sont la démonstration spectaculaire d'un réseau à bout de souffle qui n'a pas bénéficié des investissements nécessaires depuis 20 ans ».

« S'il y avait eu une communication correcte »

« Ils témoignent de l'obsolescence des matériels et d'une désorganisation complète du réseau, avec une jungle de décideurs, et d'une absence totale de coordination », a déclaré le député. Selon lui, « les voyageurs coincés ne seraient pas descendus s'il y avait eu une communication correcte ».
Environ 3,6 millions de Franciliens empruntent les cinq lignes du réseau express régional (RER) qui s'étend sur 587 km de voies. Le réseau est souvent saturé, avec un nombre de voyageurs en augmentation de 30% en dix ans. Son trafic connaît des perturbations régulières. Désormais, au moindre incident ou grève, les voyageurs empêchés descendent sur les voies, obligeant la SNCF à interrompre par sécurité la circulation.

« Ce sont les agents SNCF qui nous ont demandé de descendre sur les voies »

« Des retards, il y en a tous les jours mais là c'était vraiment abuser. Même les chauffeurs n'étaient pas tenus au courant de la situation », témoigne Christiane, qui a mis plus de six heures pour arriver chez elle contre une demi-heure normalement. « A la sortie du tunnel de la gare du Nord, notre train s'est arrêté. Quatorze trains étaient immobilisés. Ce sont les agents SNCF qui ont demandé aux passagers parfois avec des enfants de descendre sur les voies », raconte à l'AFP Christiane. « Il fallait voir tout ce beau monde sur les rails. Au bout d'un moment, il y avait trop de gens sur les voies alors on nous a demandé de rester dans les wagons », ajoute cette assistante maternelle. Quand Christiane est enfin arrivée à 1h du matin à la station du Stade de France, elle n'a pas trouvé la navette promise par le chauffeur et a dû prendre un taxi. « C'est scandaleux qu'on nous mette en plus ces perturbations sur le dos », dit-elle.

La Rédaction, avec AFP