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Les conducteurs de TGV sont plus âgés, mieux payés et perdent 2 jours de salaire s'ils font grève: pourquoi si peu de TGV seront touchés par la mobilisation de ce 18 septembre

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Alors que la France se prépare à une journée noire dans les transports ce jeudi, notamment à la RATP et dans les trains franciliens, la compagnie ferroviaire annonce 9 TGV sur 10 en circulation.

C'est une différence qui interpelle. Alors que tous les syndicats de la SNCF ont appelé en commun à une grève massive pour ce jeudi 18 septembre, les conséquences sur les circulations des trains sont très disparates. Ainsi, selon les éléments communiqués hier par SNCF Voyageurs, 9 TGV sur 10 rouleront demain alors que le trafic sera beaucoup plus perturbé dans les Intercités (un train sur deux) et surtout dans les Transilien en Ile de France.

Sud Rail se félicite ainsi d'un taux de mobilisation de 80% sur certaines lignes de banlieue comme la H, N, R et U ou encore dans les RER D et E opérés par la SNCF. Alors comment expliquer cette très forte différence alors que les autorités attendent 800.000 personnes dans la rue ce jeudi?

Un recours à des volontaires non grévistes?

La dernière grande grève à la SNCF en mai dernier avait été quasiment invisibilisée malgré une forte mobilisation des agents de bord qui avaient lancé le mouvement. Malgré 75% de grévistes chez les ASCT (agents du service commercial, les contrôleurs) selon Sud Rail, 90% des trains avaient circulé. Car pour remplacer les contrôleurs grévistes, SNCF Voyageurs avait massivement mobilisé des cadres volontaires du groupe, formés aux missions de chef de bord, appelés en interne VAO. Issus des métiers de la finance, des ressources humaines, de la communication... ils sont plusieurs centaines selon nos informations.

Mais dans pour ce mouvement du 18 septembre, ce sont d'abord les conducteurs (ADC dans le jargon pour agents de conduite) qui se sont mobilisés. Or, il n'y pas de VAO pour ce métier.

"Ce sont essentiellement les conducteurs de TGV qui sont non grévistes qui vont contribuer à réaliser le service prévu", confirmait d'ailleurs hier Étienne Delpy de la SNCF lors de la conférence de presse de Philippe Tabarot, le ministre des Transports.

Pour autant, selon nos informations, la compagnie ferroviaire dispose également d'une réserve de "cadres traction" qui ne sont plus conducteurs à temps plein mais qui disposent de leurs habilitations, qui roulent régulièrement et qui peuvent être mobilisés pour remplacer des conducteurs grévistes. "Ce sont avant tout des conducteurs", nous glisse un agent. Impossible néanmoins de savoir dans quelle proportion ils seraient mobilisés ou même s'ils le sont. Interrogée, SNCF Voyageurs dit ne pas avoir d'éléments à communiquer. Mais en réalité, d'autres raisons expliquent le faible nombre de grévistes chez les conducteurs de TGV.

Une question de génération et de bastion syndical

Les derniers mouvements de grève à la SNCF ont été particulièrement suivis par les agents les plus jeunes, qui sont plus sensibles aux mots d'ordre des syndicats et plus mobilisables.

"De manière générale, les vieux font moins grève que les plus jeunes", nous confirme un autre conducteur non gréviste.

Or les conducteurs de TGV sont des agents très expérimentés donc les plus âgés dans la pyramide des effectifs. "Les conducteurs de TGV sont visiblement moins mobilisés", se contente de commenter un responsable syndical... Par ailleurs, ces jeunes conducteurs sont le plus souvent affectés aux trains régionaux et notamment à Transilien, les trains d'Île-de-France où on l'a dit la mobilisation est très forte. Et où les syndicats les plus offensifs comme Sud Rail sont les plus présents. "Sud Rail est moins présent à TGV, bien plus à Transilien" qui est un de leurs bastions, poursuit ce conducteur.

Des pertes en salaire plus importantes

Comme partout, faire grève a un coût pour le salarié. Une journée de grève, c'est une journée de salaire en moins.

Une perte nette qui sera importante à deux titres. D'abord parce que les conducteurs de TGV sont les mieux payés dans la catégorie des agents de conduite. Ils font partie de l'aristocratie des cheminots. Ensuite parce qu'une journée de grève peut souvent se transformer en deux jours de perte de salaire. Par exemple, un conducteur gréviste qui n'assure pas son Paris-Nice ce jeudi ne pourra pas assurer son Nice-Paris le lendemain et ne pourra pas être affecté à un autre type de train. En effet, un conducteur de TGV ne peut conduire que des TGV. Il pourra être affecté à une autre tâche mais perdra sa prime de traction.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business